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Ugo Pascolo
Invité de "Sans Rendez-vous", le médecin gériatre, et auteur du livre Quand je serai vieux, tout ira bien (Hachette), Antoine Piau livre quatre conseils pour résister plus longtemps et mieux aux affres du temps. Car d'après ce spécialiste, la façon dont une personne vieillit dépend aux deux tiers de son mode de vie.

L'adage dit que "la vieillesse est un naufrage". Mais ce n'est, fort heureusement, pas une fatalité. Invité de "Sans Rendez-vous", le médecin gériatre, et auteur du livre Quand je serai vieux, tout ira bien (Hachette), Antoine Piau, livre quatre conseils pour résister aux affres du temps. Selon lui, la façon dont on vieillit dépend "aux deux tiers de notre mode de vie", le reste étant laissé à la discrétion de la génétique. Il est donc possible d'œuvrer activement à vieillir en bonne santé. 

Stimuler son cerveau

La première des choses à faire pour traverser les années en bonne santé est de faire fonctionner ses méninges. En la matière, "on parle souvent de faire des sudokus pour stimuler notre intellect, mais avant ça il faut avoir des amis et parler à des gens", affirme Antoine Piau. "Plus le nombre, l'intensité et la qualité de vos relations sociales sont importantes, plus l'est votre espérance de vie en bonne santé. C'est aussi important que le résultat de votre prise de sang." En revanche, "parler météo avec la voisine ne suffit pas, il faut aller chercher la contradiction."

Réduire le nombre de médicaments quand c'est possible

Sujettes à de nombreuses maladies, les personnes âgées doivent souvent prendre toute une série de médicaments quotidiennement. Si cette part de la population est la première bénéficiaire des avancées de la médecine, elle en est également la première victime, à en croire le gériatre. La prise trop importante de médicaments est "la première cause d'hospitalisation évitable en France chez les plus de 75 ans", pointe-t-il. Alors pour faire le tri entre ce qui est indispensable et ce qui ne l'est pas, c'est aux "médecins généralistes de faire un travail de synthèse, de hiérarchisation" entre tous ces produits. Or, "ils ont souvent du mal à s'imposer face aux spécialistes d'un organe qui ne font pas forcément attention aux autres traitements pris par un patient." Pourtant, "c'est eux qui ont raison", avance-t-il. 

Faire attention à la dénutrition 

Souvent considérée comme notre premier médicament, l'alimentation tient bien entendu un rôle fondamental pour vieillir en bonne santé. "Avec l'avancée en âge, il y a parfois un déséquilibre alimentaire qui se met en place, mais aussi une dénutrition qui passe totalement inaperçue", affirme Antoine Piau. "Ils mangent de manière a priori normale, mais en réalité ils manquent de protéines et de glucides." Et ce facteur est d'autant plus important "qu'à un moment, il surpasse le risque de désordre métabolique de tout à chacun". 

Rester assis le moins possible 

En plus d'une bonne alimentation, il faut aussi "rester assis le moins possible", ajoute le médecin. "Le corps n'est pas fait pour être allongé, ni pour être assis", insiste-t-il. Alors il faut bouger, d'autant que "le seul fait de se lever de sa chaise une fois toutes les 30 minutes peut potentiellement diminuer le risque d'AVC". 

Et si la marche ne fait pas partie de la liste de vos hobbys, ne vous fixez pas en tête de faire les 10.000 pas par jour recommandés par les autorités sanitaires : "ils sont infaisables pour la plupart des gens." Antoine Piau préconise plutôt de "partir de soi-même et faire toujours un peu mieux à son niveau". "Je peux commencer par aller chez le boulanger à pieds, ensuite je ferai un kilomètre, etc. Quand les résolutions sont farfelues, on sait que ça ne fonctionne pas."

Faut-il acheter une montre connectée pour surveiller son activité ? 

Pour progresser chaque jour dans son activité physique, avoir des repères peut-être utile. Dès lors, faut-il acheter à papi ou mamie une montre connectée, qui permet notamment de calculer le nombre de pas ou encore de surveiller le rythme cardiaque ? "En théorie oui", répond Antoine Piau. "Mais ça ne sert à rien de mesurer tout et n'importe quoi s'il n'y a personne [un médecin] pour analyser les données." D'autant que "le système de soin actuel n'est pas trop fait pour ça", il faut donc attendre "une certaine mutation" pour que ces objets connectés révèlent toute leur utilité, selon le gériatre.