Prep VIH 1280 8:00
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Mélanie Gomez, édité par Romain David , modifié à
Une étude française a suivi pendant trois ans 3.000 personnes prenant le traitement préventif contre l'infection au VIH, et ayant des comportements sexuels dits à risque.

Depuis dimanche, la ville de Mexico accueille la dixième conférence IAS, l'un des plus grands symposiums scientifiques sur le Sida. Cet événement majeur, qui se déroule tous les deux ans, regroupe tous les chercheurs et médecins du monde entier qui travaillent sur cette maladie. Toutes les innovations, les défis à relever pour les années à venir sont au centre des discussions. Mardi, une grande étude Française baptisée "Prévenir" y a été présentée devant toute la communauté scientifique sur l'intérêt de la Prep, ce traitement préventif contre l’infection au VIH, avec des résultats extrêmement prometteurs.

Dans cette étude démarrée en 2017, les chercheurs ont suivi pendant trois ans plus de 3.000 personnes, essentiellement des hommes homosexuels en Île-de-France, ayant des comportements sexuels dits à risque. On leur a donc proposé de prendre la Prep, le traitement préventif contre le VIH pour évaluer son efficacité. Ces volontaires avaient deux possibilités, soit prendre ce traitement en continu, c’est-à-dire un comprimé tous les jours, soit à la demande, c'est-à-dire deux comprimés juste avant et deux autres après un rapport sexuel.

Presque 100% d'efficacité...

Résultat : cette étude démontre que ce traitement est extrêmement efficace. Il frôle les 100% d'efficacité, précise son principal auteur, le professeur Jean Michel Molina, chef du service des maladies infectieuses à l'hôpital Saint-Louis à Paris.

"Sur plus de 3.000 volontaires, nous n’avons observé que deux infections par le VIH, chez deux personnes qui avaient interrompu la Prep plusieurs semaines auparavant", pointe le spécialiste auprès d'Europe 1. "Ce ne sont pas des échecs liés au manque d’efficacité de la Prep, mais au fait que, comme tout moyen de prévention, que ce soit un préservatif ou un comprimé, si vous ne le prenez pas, vous n’êtes pas protégé", martèle ce spécialiste.

... Mais la Prep ne remplace pas le préservatif

Autre point très positif : ce traitement préventif du VIH est très bien toléré par les utilisateurs. Sur les 3.000 volontaires de cette étude, seules trois personnes ont dû arrêter ces comprimés à cause de troubles digestifs. L'OMS s'est même exprimée sur le sujet pour la première fois lors de ce congrès : la Prep doit faire partie des outils de prévention du Sida dans tous les pays, au même titre que le préservatif, selon l’organisme. Préservatif qui garde d'ailleurs toute sa place, car le traitement ne protège que du VIH, et pas des autres infections sexuellement transmissibles comme la syphilis ou les chlamydias, en très forte augmentation ces dernières années.

Entendu sur europe1 :
À partir de 45.000 personnes sous Prep, on pourra avoir un effet durable en France

"Cette avancée est majeure, parce qu’elle permet de compléter les outils contre le VIH", salue, également au micro d’Europe 1, Aurélien Beaucamp, le président de l’association Aides. Il estime ce médicament susceptible d’avoir un réel impact à terme sur l’épidémie. "Il faut qu’il y ait davantage de personnes sous Prep. Aujourd’hui on est à 15.000 personnes sous Prep en France, et les modèles théoriques montrent que c’est à partir de 45.000 personnes que l’on pourra avoir un effet durable", pointe-t-il, alors que le nombre annuel de contaminations en France tourne autour de 6.000 cas.

Un accès encadré pour un traitement entièrement pris en charge

Toutefois, l’accès à la Prep reste particulièrement encadré par les services de santé. "On a un médicament efficace, mais on ne le distribue pas comme un bonbon", avertit Aurélien Beaucamp. "Si vous êtes susceptible de prendre la Prep, une procédure va vous accompagner : tous les trois mois, vous allez faire un dépistage complet - VIH, hépatites et IST -, et vous allez être suivi par un médecin", détaille-t-il. Le patient peut aussi se voir proposer l'accompagnement d'un associatif qui pourra répondre à différentes interrogations sur l’observance des prises et la perception du risque.

Entièrement remboursé en France depuis 2016, ce médicament coûte 500 euros par mois et par personne à la Sécurité sociale, contre un peu plus de 100 euros lorsqu’il s’agit du générique. "Ça reste moins cher qu’une cure lorsque vous êtes infecté, parce que là c’est à vie", balaye Aurélien Beaucamp qui assure qu’Aides veut maintenir pression sur les laboratoires, précisément pour continuer de faire baisser le prix des molécules.