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Catherine Blanc , modifié à
Mercredi, dans l'émission "Sans Rendez-Vous", sur Europe 1, la sexologue Catherine Blanc répond à une auditrice qui se demande pourquoi on ne s'embrasse plus langoureusement quand on est depuis longtemps avec son partenaire. 
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Certains amoureux s'embrassent à pleine bouche dans la rue, souvent des jeunes ou des couples naissants. Mais cette pratique semble s'estomper au fur et à mesure que dure la relation de couple. Au micro de Mélanie Gomez, dans l'émission Sans Rendez-Vous, sur Europe 1, la sexologue Catherine Blanc revient sur l'importance du baiser dans la sexualité et dans le bien-être du couple.

La question de Claudia, 32 ans

"Mon mari et moi sommes ensemble depuis sept ans et je réalise que nous ne faisons plus de baisers profonds. En croisant un couple dans la rue qui s’embrassait à pleine bouche, j’ai fait la réflexion à mon mari. Qui m'a répondu : 'ils viennent de se rencontrer.' Je trouve ça un peu triste, est-ce le lot de tous les couples ?"

La réponse de Catherine Blanc 

"Ce n'est pas inévitable mais très fréquent. Quand on se rencontre, la première façon que nous avons de nous aborder est de nous pénétrer. Ce sont d’abord les regards, puis les mots. On essaye de savoir ce qu’il se passe dans la tête de l’autre, comment l’autre voit le monde. Et puis la bouche, parce qu’on va s’approcher et on va mêler sa langue, sa salive. S'inspirer au sens propre du terme. D’une certaine manière, le baiser est extrêmement important dans la sexualité, car, si vous y portez un peu d'attention, vous verrez qu’au travers du baiser vous saurez comment l’autre va vous aborder, comment l’autre vous fera l’amour ensuite. Si la bouche est fermée, pas fermée, la bouche ouverte et trop vorace, qui vous laisse peu d’espace. Ou au contraire, une bouche qui s’entrouvre et se ferme à la mesure de votre bouche, de votre propre rythme. La façon qu'on a de mordiller, de se lécher, de s'embrasser, se découvrir, c'est déjà ce qu'il va se passer dans la sexualité.

On arrête parce que comme nous sommes passés de l’autre côté dans la sexualité, dans la pénétration, c'est comme si on ne se donnait plus l’occasion de refaire, de réinventer les choses. On se donne un smack qui n'a même plus le gout du smack. Il ne serait curieux que si on le donnait à son voisin ou à sa voisine. Mais dès lors qu'on le fait sur la bouche ou la joue de son partenaire, on ne fait plus attention. C’est dommage de réduire le champ de la sexualité à nos sexes alors qu'encore une fois, la sexualité s'écrit bien avant le coït.

Certaines générations peuvent être mal à l'aise avec l'idée de s'embrasser en public, d'ailleurs Brassens chantait "les amoureux qui se bécotent sur les bancs publics". Et c'est vrai qu'on est un peu seul au monde à ce moment, cela peut être très sexuel. On peut ne pas oser en public ou au contraire, surjouer de façon goulue, et quasi exhibitionniste. Mais c'est très intime un baiser. Son mari n'a peut-être pas envie de le faire un public certes. Ceci étant dit, il me semble qu'il ne le fait même plus en privé.

Pourtant, ce n'est pas une question de public pour tous. Certains couples, dès qu'ils se voient, s'embrassent. Et pour certains, ils ne sont pas encore en train de faire l'amour, et c'est comme ça qu'ils le font. Cela peut durer des heures. À ce moment, ils effacent le monde extérieur, ils ne veulent pas démontrer quoi que ce soit. D'ailleurs souvent, ils ferment les yeux, ils se sentent et se cherchent : le monde a disparu. 

Ne plus s'embrasser n'est pas un drame, mais cela peut être une alerte. On peut aussi ne plus se prendre la main, ne plus se caresser, ne plus s'embrasser. On finit par ne plus se parler, se regarder, s’émouvoir, se toucher, s'embrasser, se caresser… Et à un moment donné, on se saute dessus. Et après, on s'étonne de ne plus trouver grand-chose à faire! Il faut faire attention à ne pas réduire la sexualité à du mécanique. On peut de temps en temps s'embrasser gaiement, ça sera encore plus délicieux !"