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Romain David
Au micro de Mélanie Gomez, mardi dans Sans Rendez Vous, l’émission santé d’Europe 1, Vianney Descroix, chirurgien-dentiste à la Pitié-Salpêtrière, explique pour quelles raisons l'hypnose est de plus en plus utilisée par la médecine dentaire.
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Utilisée depuis plus d'un siècle pour traiter certains problèmes psychiques, l’hypnose médicale gagne de plus en plus, depuis les années 1980, les soins somatiques et chirurgicaux, notamment lorsqu'il s’agit de traiter la douleur. La médecine dentaire est l'un des domaines où son utilisation est de plus en plus fréquente, non seulement pour accompagner les phobiques de la piqûre ou de la fraise, mais aussi certains cas de chirurgie. Invité de Mélanie Gomez, dans Sans Rendez Vous, l’émission santé d’Europe 1, Vianney Descroix, chirurgien-dentiste à la Pitié-Salpêtrière à Paris, décrypte les dessous de cette méthode.

"De plus en plus de chirurgiens-dentistes s’intéressent à l’anxiété et à la douleur des patients. Donc, ils sont de plus en plus amenés à se former", explique Vianney Descroix. Aucun chiffre n’est encore disponible quant au nombre de dentistes formés à l’hypnose sur les 40.000 praticiens que compte la France. "L’hypnose va permettre au patient d’accéder aux soins sans être entravé par ses peurs ou la douleur", poursuit notre dentiste. En aucun cas, toutefois, il ne s’agit de supplanter une anesthésie chimique. "Toutes les interventions se font sous anesthésie locale, mais l’hypnose permet d’éviter les anesthésies générales dans beaucoup de situations."

Si le recours à l'hypnose semble d'abord s'adresser à une patientèle anxieuse ou très sensible à la douleur, elle a vocation à s'adresser à l’ensemble des malades, dans la mesure où elle cherche plus largement à redéfinir l'expérience de soins. "Finalement, une fois que l’on maîtrise l’outil hypnotique, on a envie d’en faire profiter tout le monde. L’hypnose permet de vivre le soin de façon confortable, en sécurité. Cela pourrait convenir à n’importe qui, il n’y a pas nécessairement besoin d’être très sensible à la douleur ou phobique", souligne notre spécialiste.

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Comment ça marche ? 

La consultation sous hypnose est d’abord "une question de relation", insiste le docteur Vianney Descroix. La manière dont le patient est accueilli dans le cabinet détermine en partie la teneur du rendez-vous. "C’est beaucoup de non-verbal et de para-verbal. Le ton de la voix, la façon dont on se comporte, dont on parle, dont on marche, dont on s’habille peut-être un message envoyé au patient pour le rassurer."

Pour le reste, la technique est la même que celle utilisée par un hypnotiseur sur scène. "La grande différence entre l’hypnose médicale et 'l’hypnose spectacle', c’est l’intention. Dans 'l’hypnose spectacle', on veut faire rire, amuser, détendre. Dans l’hypnose médicale, on est dans les soins, l’attention de l’autre", précise Vianney Descroix. Dans les deux cas, toutefois, il s’agit de détourner l’attention du sujet pour l’amener à oublier la situation présente. "Le corps hypnotisé, dissocié, dont on a focalisé l’attention sur autre chose que la douleur - avec une suggestion d’anesthésie par exemple -, ne ressent plus de la même manière. Le cerveau se met en capacité de modulation de l’influx nerveux douloureux", explicite notre chirurgien-dentaire.

Une technique qui marche aussi chez les enfants, qui sont souvent sensibles à la peur du dentiste. "L’hypnose est liée à la suggestivité, à la capacité qu’ont les gens à se raccrocher à leur imagination. Et l’on sait, grâce à des études extrêmement sérieuses, que le pic de suggestibilité chez un être humain se situe entre 8 et 10 ans", pointe Vianney Descroix. "Les enfants sont de super sujets à l’hypnose", conclut-il.