Papillomavirus : une vaccination nécessaire aussi pour les garçons

vaccin garçon
La vaccination contre le papillomavirus est désormais recommandée pour les jeunes garçons dès le collège. © PEAKSTOCK / SCIENCE PHOTO LIBRAR / LDA / Science Photo Library via AFP
  • Copié
avec AFP
Depuis 2021, la vaccination contre le papillomavirus est recommandée pour les garçons, alors qu'elle était jusque-là surtout recommandée aux filles âgées de 11 à 14 ans. Une campagne de vaccination généralisée et gratuite pour les collégiens de 5e commencera donc à partir du 2 octobre dans plusieurs régions. 

Longtemps réservé aux filles, le vaccin contre les papillomavirus humains (HPV) concerne désormais également les garçons. Une extension nécessaire à la fois pour les protéger de certains cancers et pour espérer in fine éliminer totalement ces maladies. En France, la vaccination anti-HPV est recommandée chez les filles de 11 à 14 ans depuis 2007, et chez les garçons du même âge depuis 2021. Une vaccination généralisée et gratuite des collégiens de 5e débutera à partir du 2 octobre dans certaines régions. Elle sera précédée d'une campagne de communication sur la vaccination dès lundi.

Chaque année dans le pays, les HPV, abréviation anglaise pour human papillomavirus, sont responsables de plus de 6.000 nouveaux cas de cancers, le plus souvent du col de l'utérus, qui provoque 1.100 décès par an, de la vulve ou du vagin, mais aussi de la sphère ORL, de l'anus ou encore du pénis. Une étude récente publiée dans The Lancet a montré que, à un moment donné, 31% des hommes de plus de 15 ans sont infectés par un virus de type HPV. Plus important, un homme sur cinq (21%) est porteur d'un HPV oncogène, c'est-à-dire potentiellement cause d'un cancer.

Un virus "extrêmement transmissible"

Si les principaux touchés ont entre 25 et 29 ans (35%), tous les hommes sexuellement actifs sont "un réservoir important d'infections génitales par le HPV", poursuit l'étude. "Cette méta-analyse du Lancet confirme des éléments empiriques et théoriques : le virus HPV se trouve partout, il est extrêmement transmissible", a commenté à l'AFP Emmanuel Ricard, porte-parole de la Ligue contre le cancer et médecin de santé publique. Selon le Centre international de recherche sur le cancer, cité par The Lancet, environ 69.400 cas de cancer chez les hommes causés par le HPV ont été recensés en 2018 dans le monde.

Vacciner les garçons présente donc un premier bénéfice évident : l'injection les protège directement contre les cancers et verrues de la sphère ano-génitale (pénis et anus) pour lesquels l'efficacité du vaccin est déjà établie. Autre gain attendu : "Une protection probable contre des cancers ORL, plus fréquents chez les hommes, induits par des HPV", indique à l'AFP Judith Mueller, médecin épidémiologiste, professeure à l'École des hautes études en santé publique (EHESP) et chercheuse à l'Institut Pasteur.

Limiter la transmission

En janvier dernier, Arthur Sadoun, patron du groupe français de communication Publicis, avait brisé un tabou sur ce lien méconnu en évoquant publiquement son cancer des amygdales, causé par un HPV. Il avait aussi invité à témoigner l'acteur américain Michael Douglas, également touché par un cancer ORL dû au virus. Vacciner les jeunes garçons, futurs partenaires sexuels et conjoints, doit aussi permettre de diminuer le risque de transmission de ces virus.

"Les garçons se contaminent avec des filles, les filles avec des garçons, et il y a des filles qui se contaminent avec des filles et des garçons avec des garçons", résume Emmanuel Ricard. "À un moment, si on veut arrêter la circulation du virus, il faut vacciner tout le monde". Un argument retenu par Rémy Bellet, cadre dans l'assurance, qui n'a pas attendu la campagne de vaccination prévue au collège dans les classes de 5ᵉ, pour faire vacciner Paul, son fils de 12 ans : "Ma femme a eu un HPV précancéreux. À cette occasion nous avons appris que les garçons étaient aussi porteurs du virus et qu'un vaccin existait", raconte-t-il. "Il nous a semblé évident qu'il fallait le vacciner."

"Recommandation vaccinale non genrée"

Sur le plan pratique, "la recommandation vaccinale non genrée sera plus facile à promouvoir", estime Judith Mueller : "La communication n'a plus besoin d'être ciblée uniquement sur les jeunes filles, mais seulement sur les jeunes". Selon la chercheuse, vacciner les garçons est d'autant plus important que la couverture actuelle n'est aujourd'hui "pas encore optimale". Fin 2022, 48% des filles et 13% des garçons de 15 ans avaient reçu au moins une dose de vaccin.

"La vaccination des garçons aura clairement un impact sur la santé des femmes en permettant d'accélérer la réduction du risque du cancer du col de l'utérus", estime Mme Mueller. "Avec une bonne information des familles, les futures campagnes au collège ont le potentiel de hausser la couverture vaccinale chez les filles et les garçons à un niveau qui donnera une protection importante".