Ménopause femme 2:58
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Guilhem Dedoyard , modifié à
Dans Sans rendez-vous sur Europe 1, le docteur Emmanuelle Lecornet-Sokol, endocrinologue à l’hôpital de la Pitié Salpêtrière, explique quels sont les symptômes de la ménopause et de la pré-ménopause. Elle livre également quelques conseils face aux bouffées de chaleur.
INTERVIEW

La ménopause arrive à toutes les femmes, souvent précédée de bouffées de chaleur. Elle fait régulièrement suite à une pré-ménopause, qui se manifeste de différentes manières. Contre son principal symptôme : les bouffées de chaleur, des traitements existent mais toutes les femmes ne doivent pas suivre le même. Invitée d'Europe 1, le docteur Emmanuelle Lecornet-Sokol, endocrinologue à l’hôpital de la Pitié Salpêtrière à Paris et auteur du livre Et si c’était hormonal ?, livre ses conseils et explique quels sont les risques.

Les bouffées de chaleurs : symptôme principal parfois handicapant

Les bouffées de chaleurs peuvent se matérialiser de différentes manières, soit "on peut avoir la sensation d'avoir toujours chaud", soit "ça monte doucement, le plus souvent ça commence au niveau du tronc puis ça monte doucement au niveau du visage, on devient tout rouge et puis après ça redescend", décrit l'endocrinologue. Dans tous les cas, "le corps à des sueurs mécaniquement quand on a trop chaud". Habituellement, cela dure une année, "un peu difficile" et puis cela s'atténue avec le temps. Une fois cette année passée, les symptômes peuvent tout de même durer sept années. De temps en temps, il arrive de voir "une femme de 70 ans avec quelques bouffées de chaleurs pendant quelques mois et puis ça s'en va".

Le plus souvent, les bouffées de chaleur surviennent la nuit et "c'est là où ça va être le plus handicapant, ça va vous réveiller plusieurs fois dans la nuit, hacher votre sommeil et donc ça peut altérer énormément votre qualité de vie, si vous êtes réveillée toute les heures, que vous devez vous changer trois fois par nuit, on comprends que vous soyez fatiguée, énervée, irritable". Dans ces cas là un traitement peut, parfois, être proposé.

Un seul traitement efficace, mais controversé...

Le traitement le plus efficace reste le traitement hormonal substitutif de la ménopause. Mais après des études aux Etats-Unis, "on s'est rendu compte que ça augmentait certains cancers et les risques cardio-vasculaires". Ces études ont elles mêmes été contestées car les  femmes étaient âgées de 60 ans et à haut risque cardio-vasculaire, notamment à cause du surpoids. Par ailleurs, aux Etats-Unis, on utilise des "traitement à base d’œstrogènes issus de chevaux alors qu'en France, on utilise des hormones naturelles". "Le principal risque qu'on craint, c'est l’augmentation du cancer du sein, et on sait que le risque est vraiment augmenté après 10 ans de traitement hormonal substitutif. On conseille aux femmes de ne pas dépasser cinq ans".

Aujourd'hui on réserve ce traitement "aux femmes qui ont beaucoup de bouffées de chaleur" et qui n'arrive pas à s'en sortir par les moyens naturels. Le plus souvent, "on préfère utiliser des patchs ou des crèmes, parce que quand vous prenez des hormones par la bouche, les hormones vont passer par l'intestin puis dans le foie. Et le fait qu'elles passent dans le foie, ça va augmenter certains risques, comme les risques de thromboses, les caillots, les phlébites ou les embolies pulmonaires". En faisant passer directement les hormones par la peau, on limite ce risque. 

... Et des traitements alternatifs aux résultats incertains

"Si on regarde la littérature scientifique médicale, il n'y a pas grand chose qui marche", tranche toutefois la spécialiste. "Il y a des œstrogènes issus de plantes qui peuvent aider à passer. Mais ce sont aussi des hormones donc si on en prends beaucoup, ça peut aussi avoir des conséquences néfastes". C'est le cas des phyto-œstrogènes, notamment ceux issus du soja. Pour "toutes les plantes, quand on fait des études, il n'y a pas forcément d'efficacité", explique le docteur Lecornet-Sokol. "Mais peut être que pour certaines femmes, certaines plantes peut marcher". "Pour tel autre femme, tel complément alimentaire peut marcher. ça peut toujours valoir le coup d'essayer, en en discutant avec son médecin bien sûr", résume l'endocrinologue.

"Ces compléments peuvent être une piste lorsque l'on est suivi pour un cancer hormonodépendant et qu'on ne peut donc pas prendre d'hormones. Par ailleurs, il y a des études très intéressantes sur l'hypnose qui pourrait vraiment aider dans ces cas là. Peut être que tout ce qui est sophrologie, ça peut aider", conclut-elle.

Avant la ménopause, la pré-ménopause et autres risques

Si l'arrêt des règles survient souvent aux alentours de 51 ans, certains troubles et symptômes peuvent survenir avant. Ils sont souvent le signe d'une préménopause. Elle peut apparaître à partir de 40-45 ans, avec différents symptômes. Le premier peut être "les règles qui deviennent irrégulières", des "cycles qui sont plus courts", toutes les deux semaines, trois semaines, au lieu de tous les mois. Ça peut également être des "problèmes d'humeur, une saute d'humeur ou des fatigues". Enfin le plus communément "ça peut être des bouffées de chaleur, même avant l'arrêt des règles on peut avoir des moments ou le corps va manquer d'hormones", explique l'endocrinologue sur Europe 1.

Mais des signes précoces, avant 45 ans, peuvent aussi être le signe d'une "insuffisance ovarienne prématurée": les ovaires s'arrêtent de fonctionner, surtout après des chimiothérapies, ou radiothérapies. Cette maladie nécessite une prise en charge et un suivi médical afin d'éviter un apport hormonal insuffisant trop prolongé. Il faut aussi surveiller sa prise de poids : le "meilleur moyen, c'est de bouger". Il faut aussi "continuer à faire des frottis tous les deux ans" notamment après 50 ans. "Il peut être utile de faire une mesure de la densité osseuse" pour dépister l'ostéoporose. Enfin, il y a des femmes, pour "qui ça s'arrête du jour au lendemain, il ne se passe rien, aucun symptôme, tout va bien".