Médicaments anti-cancéreux : "l'inacceptable lenteur" de l'Etat

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C.O. avec Aude Vernuccio , modifié à
Les Echos reviennent mercredi sur la complexité de la mise sur le marché de nouveaux traitements contre le cancer. Sur Europe 1, l'éditorialiste Daniel Fortin parle d'un "scandale sanitaire qui n'en est pas un".

Des médecins dénoncent "des lenteurs inacceptables" dans le domaine de la lutte contre le cancer. Il existe de nouveaux médicaments efficaces, disent-ils, approuvés aux Etats-Unis et en Europe. Mais ces anti-cancéreux sont pourtant introuvables en France, révèle mercredi le quotidien Les Echos.

Le gouvernement retarde la fixation des prix. Le gouvernement bloque l'utilisation de ces médicaments car ils sont trop chers. L'objectif est de ne pas détériorer les comptes de l'assurance maladie. Ainsi, le gouvernement retarde la procédure de fixation des prix, parfois jusqu'à un an. Cela ressemble à un scandale sanitaire, "mais ce n'en est pas un", relève mercredi Daniel Fortin, le rédacteur en chef du service Idées et enquête du journal Les Échos, dans son édito économique sur Europe 1. Car le problème est très complexe. Le coût des anticancéreux de nouvelle génération est devenu considérable : entre 80.000 et 120.000 euros par an et par patient.

Or, avant de les commercialiser, les Etats doivent vérifier que ces traitements sont efficaces, que les laboratoires n'exagèrent pas leurs prix et que leur système de santé ne risque pas d'exploser face à de telles dépenses. Ces médicaments ne peuvent pas non plus bénéficier d'une autorisation temporaire (ATU) de mise sur le marché, car cette autorisation n'est possible que dans certaines strictes conditions, précise encore le quotidien économique. 

"Une révolution". Les médecins assurent pourtant que les avancées thérapeutiques de ces traitements sont décisives. "Pour le mélanome, pour le cancer du poumon, on est aux alentours de 10% de patients qui au bout d'un certain temps ne rechutent plus. Alors qu'avec les autres médicaments ces pourcentages sont très bas", explique Jean-Yves Blay, directeur du Centre Léon Bérard à Lyon, interrogé par Europe 1. "C'est une grosse révolution qui est en train de se mettre en place, ça s'apparente à une guérison pour des maladies pour lesquelles malheureusement la plupart des patients décèdent".