Les questions (pas si bêtes) que l'on se pose sur la pollution

L'air de la ville est-il vraiment plus pollué que celui de la campagne ? (Illustration)
L'air de la ville est-il vraiment plus pollué que celui de la campagne ? (Illustration) © AFP
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Clémence Olivier , modifié à
Partir à la campagne ? Aérer ? Faire du sport? Alors qu'un nuage polluant stagne depuis samedi sur le pays, un médecin et deux experts proposent quelques conseils à suivre en cas de pic de pollution.

La pollution persiste en France. La procédure d'alerte aux particules fines, activée depuis samedi, l'est encore dans de nombreux départements de la moitié nord du pays et dans la région Rhône-Alpes, mercredi. Car les conditions anticycloniques sèches et froides limitent la dispersion des polluants. En Île-de-France, il faudra attendre la fin de semaine pour que l'atmosphère devienne à nouveau respirable, selon les prévisions d'Airparif. En attendant de voir les particules s'évaporer un médecin et deux experts en qualité de l'air, contactés par Europe 1, répondent aux questions que l'on se pose en cas de pics de pollution.

  • Faut-il aérer son logement ?

Ouvrir la fenêtre lorsque l'air extérieur est chargé en particules fines, cela ne coule pas de source. Pourtant, il est recommandé d'aérer son logement même en cas de pic de pollution. "Il existe des sources de pollution intérieures. Elles sont liées à l'usage de produits ménagers, des peintures, de certains meubles", précise Charles Kimmerlin, ingénieur-prévisionniste chez Air Parif. "Ne pas aérer son logement risque de créer une sur-pollution. Car l'air extérieur s'infiltre dans tous les cas." Ventiler au petit matin, ou tard le soir, en dehors des périodes de circulation automobile permet de limiter l'accumulation de particules fines.

  • Respire-t-on mieux à la campagne ?

En campagne, l'air n'est pas aussi pur que l'on croit. "Cela va dépendre des épisodes de pollution.  Dans le cas de ce pic, les émissions polluantes sont liées à des activités humaines, au chauffage et au trafic automobile. Plus on est proche des sources, plus la concentration est élevée", pointe Charles Kimmerlin, d'Airparif. 

"Les particules peuvent voyager facilement dans un rayon compris entre une dizaine et une centaine de kilomètres. Il est donc possible de retrouver des concentrations élevées sur certaines zones rurales", nuance toutefois Bertrand Bessagnet, expert en qualité de l’air à l’Institut national de l’environnement industriel et des risques (Ineris). "Mais sur l'année, si l'on dresse une moyenne globale, on constate que l'air de la campagne est moins pollué que celui des villes".

  • Le sport, on oublie ?

Tant pis pour les amateurs de jogging en bordure de périph'. Le ministère de la Santé recommande d'éviter les efforts physiques en cas de pic de pollution. Cela vaut pour les activités en extérieur comme la course à pied mais aussi pour les sports en intérieur, en salles donc. "Il faut éviter d'hyperventiler. En apportant plus d'air à nos poumons, on augmente aussi l'exposition aux particules fines", précise le médecin Gérald Kierzek.

  • Et le vélo aussi ?

Mieux vaut choisir le vélo que l'auto lors des pics de pollution, de façon à ne pas rajouter de la pollution à la pollution. Pour autant, utiliser sa bicyclette en plein bouchons n'est pas forcément la meilleure des idées. Surtout, conseille le médecin, mieux vaut éviter de battre son record de vitesse les jours de nuage polluant. Question encore d'hyperventilation.

  • Faut-il porter un masque ?

"Porter un masque dans la rue ne sert à rien", pointe le docteur Kierzek. "Cela ne filtre pas les plus petites particules polluantes. Ces dernières mesurent 10 micromètres, c'est dix fois moins épais qu'un cheveu". Même constat pour les écharpes et autres cols roulés que l'on remonterait devant son nez. "Il faudrait un système de masque à gaz pour filtrer ces particules efficacement", assure le médecin.

  • Quels sont les effets de la pollution sur la peau ?

Lorsque l'air est chargé de particules, la peau est plus réactive. "On constate davantage de réactions allergiques, d'irritations, d'eczéma", constate Gérald Kierzek. Plus généralement, la pollution entraîne une dégradation de la barrière cutanée et peut modifier son équilibre, affirme Anny Cohen-Letessier, dermatologue au magazine Néon. Une étude menée au Mexique en 2014, publiée dans l'International Journal of Cosmetic Science, montre également que la pollution entraînerait une augmentation de la production de sébum, une sécrétion qui protège notre peau, et une diminution de la concentration en vitamines E. De quoi favoriser le vieillissement cutané de la peau.