Les maladies ont bel et bien un sexe

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L'Académie de médecine préconise dans une recommandation publiée en juin de différencier la prise en charge selon que l'on soit un homme ou une femme. 

"Les hommes et les femmes ne sont pas égaux devant la maladie et doivent donc être traités différemment". Voilà comment l'Académie de médecine débute sa note d'information du mois de Juin. La prestigieuse Académie déplore qu'en France, contrairement à plusieurs pays européens qui ont au moins dix ans d'avance, la recherche scientifique et leurs stratégies thérapeutiques ne soient adaptés aux différences biologiques entre les sexes. 

Hommes-Femmes : pas les mêmes maladies. L'Académie de médecine rappelle d'abord que les différences liées aux sexes déterminent un grand nombre de facteurs : "la prévalence, l'âge d'apparition, la sévérité et l'évolution de nombreuses maladies, le métabolisme, la réponse aux médicaments ou aux régimes, et les comportements". En conséquence, les femmes et les hommes n'ont pas les mêmes maladies. Alors que les femmes sont plus touchées par la "maladie d'Alzheimer, l'anorexie, la dépression, les troubles alimentaires ou certains cancers", leurs homologues masculins sont eux plus fréquemment atteints "d'autisme, de tumeurs du cerveau et du pancréas" ou "plus enclins aux conduites à risque (alcool, drogues) et à la violence". 

Des différences qui dépendent de nos gènes. Ces différences liées au sexe dépendent de nos gènes. "Les hommes et les femmes sont biologiquement différents", explique au Parisien la généticienne Claudine Junien. "Dès la conception, on constate 30% de différences en moyenne au niveau moléculaire dans tous les tissus et jusqu'à 70% dans le foie adulte", poursuit-elle, avant de mettre en garde : "On ne peut continuer à ignorer ces évidences scientifiques. C'est dans l'intérêt de chacun". 

Ce que recommande l'Académie. Pour l'Académie, les choses sont donc très claires : "l'efficacité des stratégies thérapeutiques ou préventives dépend en grande partie du sexe". Les médecins recommandent outre la révision de la recherche scientifique sur la question et la formation des professionnels de santé à "passer enfin d'une médecine indifférenciée à une médecine sexuée".