Les Français de plus en plus nombreux à se former aux premiers secours : "Je suis à même de pouvoir sauver une vie, et j'en suis très fier"

© PATRICK HERTZOG / AFP
  • Copié
Caroline Baudry et Romain David
Le taux de survie des athlètes en arrêt cardiaque a augmenté de deux tiers, passant de 20% à 60%, grâce notamment aux gestes de réanimation pratiqués par des témoins.
REPORTAGE

Les gestes de premiers secours sont de plus en plus souvent pratiqués par des témoins, avant l'arrivée des pompiers. Une étude présentée lundi au congrès de la Société européenne de cardiologie (ESC) à Paris montre que le taux de survie globale des athlètes en arrêt cardiaque a augmenté de deux tiers, passant de 20% (dans la période 2005-2010) à 60% (dans la période 2011-2016). Cette tendance est associée à la réanimation cardio-respiratoire des sportifs professionnels ou amateurs, la RCP, pratiquée par des témoins (81% de RCP entre 2011 et 2016 contre seulement 46% entre 2005 et 2010).

Grâce ce type de réanimation, Christophe Leray a pu sauver en avril dernier la vie d’un jeune de 16 ans. Cet agriculteur, également coach d'un petit club de foot à Passais, dans l'Orne, est intervenu avec l’aide d’un ami lorsque l’un de ses joueurs s’est effondré en plein match, victime d'un malaise cardiaque. "J’avais suivi une formation avec la Mutualité sociale et agricole dans les années 2000", explique-t-il au micro d'Europe 1. "Ce que j’ai appris m’a vraiment aidé, notamment à ne pas stresser, à rester calme, et à faire tout ce qu’il fallait faire : appeler les secours, aller chercher un défibrillateur pendant qu’un ami pratiquait un massage cardiaque", explique-t-il. "Nous n’avons pas perdu de temps, grâce à cette formation."

"Il n’y a pas de mauvais gestes à faire"

Massages cardiaques, utilisation d'un défibrillateur, bouche-à-bouche... apprendre les gestes qui sauvent est donc efficace et essentiel. Pourtant, seul 20% des Français sont titulaires d'un diplôme de premiers secours. Un chiffre encore trop faible même si la France rattrape doucement son retard.

À la Protection civile Paris Seine, une dizaine de volontaires sont formés chaque jour au diplôme de prévention et secours civiques niveau 1 (PSC1). Mains jointes sur le torse d'un mannequin de secourisme, ils apprennent avec Audrey, formatrice, à dédramatiser ces gestes essentiels, qui de prime abord peuvent impressionner, comme le massage cardiaque. "Vous avez moins de deux minutes pour appeler les secours. Moins de trois minutes pour commencer votre réanimation cardio-pulmonaire, la RCP. Il n’y a pas de mauvais gestes à faire. Donc même si j'ai peur de faire une erreur, ça sera toujours du bonus par rapport à ne rien faire du tout", explique-t-elle à ses élèves.

Savoir réagir

Il faut tenir un rythme de 100 à 120 pressions par minute pour pratiquer un bon massage cardiaque. En sueur, Camille s'exerce pour retenir techniques de compression et bouche-à-bouche. "Je me suis déjà posée la question : s’il se passe quelque chose, qu'est-ce que je fais ? On vit dans un monde où on a besoin des autres. Si on ne prend pas soin des autres, tout le monde y perd", explique-t-elle à Europe 1. De son côté, Fernand a pris sur son temps de vacances pour apprendre à se servir d’un défibrillateur. "Je voyais ça un peu partout, et je ne savais même pas à quoi ça servait", avoue-t-il. 'Aujourd’hui, je suis à même de pouvoir sauver une vie, et j'en suis très fier."