Le "jet lag social", ou le danger de trop dormir le week-end

Une femme pose pour une campagne publicitaire à Tokyo (2008, Japon)
Une femme pose pour une campagne publicitaire à Tokyo (2008, Japon) © TOSHIFUMI KITAMURA / AFP
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Anouk Helft , modifié à
Selon une étude présentée à l'occasion de l'édition 2017 de la conférence SLEEP, le fait de dormir davantage durant le week-end augmenterait le risque de maladies cardiovasculaires.

Vous attendez avec impatience votre traditionnelle grasse matinée du week-end ? Attention : le mode de vie qui consiste à dormir davantage qu'en semaine et de manière décalée durant le week-end pourrait bien avoir de lourdes conséquences sur la santé. Selon une étude réalisée par des chercheurs américains et présentée à la conférence Sleep, cette habitude, que certains scientifiques appellent le "jet lag social", causerait un décalage de l'horloge biologique. En plus d'avoir un impact négatif sur l'humeur, le "jet lag social" augmenterait le risque de maladies cardiaques.

"C'est comme s'il passait d'un fuseau horaire à un autre". Le terme de "jet lag social" n'est pas nouveau. L'expression est apparue en 2006, à l'occasion d'une recherche menée par des chercheurs de l'Université Louis-et-Maximilien de Munich sur l'obésité. En 2012, lors d'une interview accordée au site d'informations WebMD, Till Roenneberg, professeur en chronobiologie humaine et pionnier du terme, expliquait son origine : "Ce comportement s'apparente à celui d'un individu qui effectuerait un vol Paris - New-York le vendredi soir et reviendrait le lundi. Pour son horloge biologique, c'est comme s'il passait d'un fuseau horaire à un autre. " 

Des scientifiques du Programme de Recherche en Sommeil et Santé de l'Université de l'Arizona se sont intéressés aux conséquences du "jet lag social" sur la santé ainsi que sur le fonctionnement cardiovasculaire. Pour cela, l'équipe de chercheurs dirigée par le docteur Michael Grandner a analysé des données concernant pas moins de 984 adultes âgés de 22 à 60 ans. Les participants devaient notamment répondre à une enquête nommée le "Sleep Timing Questionnaire" portant sur leurs habitudes et leur rythme de sommeil. Par ailleurs, ils devaient renseigner des informations relatives à leur humeur et leur état de santé global. 

Les résultats ont été parlants : environ 85 % des sujets ont déclaré qu’ils s’endormaient et se réveillaient plus tard durant les week-ends et les jours de repos. L'étude a mis en évidence que les participants adeptes du "jet lag social" étaient plus fréquemment de mauvaise humeur que ceux ayant un rythme de sommeil régulier. Selon Sierra B. Forbush, assistante de recherche et premier auteur de l’étude, "ces résultats montrent que la régularité du sommeil, outre la durée du sommeil en elle-même, joue un rôle significatif sur notre santé". L’analyse de données a également révélé que dormir ne serait-ce qu'une heure de plus pendant tous les week-end mènerait à une augmentation de 11 % du risque de maladie cardiaque.

L'espoir de nouveaux traitements. Depuis 2015, les directives de l'Académie Américaine de la Médecine du Sommeil (AASM) recommandent aux adultes de dormir au moins sept heures par nuit de manière régulière. 

Des travaux antérieurs avaient déjà mis en évidence les effets néfastes du "jet lag social". En 2011, une recherche parue dans la revue Chronobiology International avait par exemple montré que ce mode de vie était l'un des facteurs de la dépression dans certaines populations. 

Les chercheurs de l'Université de l'Arizona sont optimistes. Pour Sierra B. Forbush, les trouvailles récentes "suggèrent qu'établir un programme de sommeil régulier peut être un traitement préventif efficace, relativement simple et bon marché afin de lutter contre les maladies cardiaques et les problèmes de santé en général. "