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Europe1.fr , modifié à
Lundi, dans "Sans rendez-vous", sur Europe 1, la psychanalyste et sexologue Catherine Blanc nous parle des doutes qui peuvent s'installer avec l'âge, en matière de sexualité.

La vie sexuelle ne se termine pas après la cinquantaine. Pourtant, passé un certain âge, des doutes peuvent apparaître. Et compliquer les relations. Lundi, dans Sans rendez-vous, l'émission Santé d'Europe 1, la psychanalyste et sexologue Catherine Blanc nous parle de ces doutes, de leurs causes, et nous aide à les surmonter. 

La question de Léon, 50 ans

"Je suis célibataire depuis une dizaine d'années, j'ai beaucoup de mal à trouver quelqu'un qui me convienne. Je trouve que les adéquations entre deux personnes sont devenues plus difficile que quand j'étais jeune, qu'en pensez vous ?"

La réponse de Catherine Blanc 

Passé un certain âge, c'est vrai que l'on a davantage de velléité, d'ouverture sur soi, de projets pour soi. Donc on en attend davantage de la part de l'autre, pas seulement d'être un corps ou d'être sympathique comme c'était le cas dans la cour de récré. On a envie d'avoir des projets, de donner du sens à la relation. Cela fait un peu plus d'exigences et cela peut rendre effectivement plus difficiles les 'adéquations' entre deux personnes.

Y a-t-il un "cap" de la cinquantaine, après lequel les relations seraient plus difficiles ? 

Il y a surtout l'idée que l'on se fait d'avoir un certain âge. Si l'on se sent vieux à 50 ans, on risque de partir avec un certain handicap. On va se dire 'est-ce que je serai à la hauteur', 'est-ce que je vais intéresser l'autre', 'est-ce que je n'ai pas passé l'âge de toutes ces conneries'. Tous ces trucs que l'on se met dans la tête et pour lesquels on se sclérose.

Les femmes se posent souvent des tas de questions autour de 40 ans, car c'est le moment où elles vont lâcher la fertilité. Les hommes sont souvent plus tranquilles sur ce sujet de la fertilité. Ce qui les préoccupe souvent, c'est leur position sociale. Quand on a 50 ans, l'accueil professionnel n'est pas le même, la peur de perdre un job n'est pas la même. Les hommes ont besoin de vérifier leur pouvoir par des tas de moyens. La sexualité en fait fondamentalement partie. Du coup, à 50 ans, on se sent plus fragilisé, sans parler de la physiologie qui peut entraîner une difficulté dans la relation.

Mais l'âge de 50 ans peut être un moment de grande paix, car on peut prendre du recul par rapport aux choses. Ou au contraire de grande anxiété, lorsqu'on a peur de ne pas avoir une érection, ou que l'éjaculation n'arrive pas au bon moment par exemple. C'est cette idée qui pose problème dans la relation, plus que la réalité physiologique.

N'est-ce pas encore plus difficile quand, comme Léon, le célibat dure depuis un certain temps ? 

Le célibat est une chose formidable car c'est plein de possibles. La créativité peut naître de cette situation. Sauf à s'être enkysté dans cette position de célibat : Léon s'est peut-être fait son petit monde à lui, et ce petit monde laisse peu de place à l'autre. Le célibat est souvent une façon d'être entre soi et soi. Et il peut alors être difficile de sortir de ces petites habitudes, de manger à telle heure, d'aller à tel endroit à telle heure. La relation oblige à l'ouverture et à un mouvement de soi.