LA QUESTION SEXO - Y-a-t-il des causes psychologiques à l'infertilité ?

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Catherine Blanc , modifié à

Dans l'émission "Sans Rendez-vous" sur Europe 1, la sexologue Catherine Blanc évoque les liens entre problèmes psychologiques et infertilité. Elle explique que si l'on met trop d'enjeux sur l'idée d'avoir un enfant, cela peut avoir un effet sur le corps.

Y-a-t-il des causes psychologiques à l'infertilité ? Pour Catherine Blanc, sexologue à Paris, il n'y a aucun doute sur la question. Elle s'intéresse ce mercredi aux causes psychologiques qui peuvent empêcher d'avoir un enfant. Comme elle l'explique dans l'émission santé d'Europe 1 "Sans Rendez-vous", des inquiétudes liées à la possibilité de devenir parent ou à la réception de la grossesse par la famille peuvent parfois entrainer des blocages momentanés de la fertilité. 

La réponse de Catherine Blanc

"Il peut y avoir des causes psychologiques. Sur le sujet de l'infertilité, on a tendance à écouter ce que le corps nous raconte et ses limites, et cela est du domaine de la médecine. Pour autant, notre corps est aussi guidé par notre psychisme.

S'il y a un enjeu particulier sur la fertilité dans notre histoire personnelle qui crée des peurs, le psychisme va utiliser la fragilité du corps et développer des blocages pour se protéger de ce qui l'inquiète. Un phénomène qui va avoir lieu même si le discours que l'on tient est celui de vouloir d'avoir un enfant.

Comment savoir si l'infertilité est liée à un problème psychologique ou biologique ?

Faire la différence est très difficile car cela oppose un métier de science, de mesures, à un métier psychologique. Vont pouvoir le déterminer ceux qui sont passés par le processus d'aide médicale qui, pour certains, étaient limités par la médecine et qui ont fait un travail de compréhension : comprendre qu'il y avait un sens à ne pas engendrer et s'apaiser à ce propos ouvre les possibles. 

Les origines peuvent être des choses très simples. Par exemple, des patientes ne pouvaient pas tomber enceintes car c'était l'officialisation d'une sexualité par rapport à leur famille qui n'était pas possible. Dans l'intimité relationnelle, il y a des enjeux émotionnels très forts : appartenance à ses parents, besoin de rester l'enfant et ne pas devenir un parent soi-même, la peur d'être un mauvais parent si l'on a eu des mauvais parents, etc. Cela peut aussi être la peur de ce que raconte une grossesse.

Ainsi, si la naissance a été une douleur, une violence, une déprime ou une maladie pour une mère, l'enfant peux avoir la même peur pour elle-même. Il y a tout un processus qui peut aller jusqu'à une infertilité. Lorsque les gynécologues font le tour de toutes les raisons possibles et ne trouvent pas de raisons médicales palpables, souvent ils font appel aux psys.

Ce n'est donc pas forcément un stress de l'actualité mais plutôt une peur de la parentalité ?

Notre système hormonal peut se mettre en silence. On le voit déjà chez les adolescentes qui, sans problèmes de santé, se retrouvent dans des périodes aménorrhées alors qu'il n'y a pas de raison. Ainsi, si elles ont vécu un moment de stress ou rentrent dans une relation et que les règles s'arrêtent soudainement, cela peut être une peur de l'aboutissement de ce flirt.

Pour régler le problème, il leur faut un temps de latence avant de pouvoir passer à quelque chose qui puisse donner lieu à une génitalité fertile. Il y a énormément de raisons légitimes qui doivent être considérées sans rétorquer que c'est 'dans la tête'. Ce n'est pas parce que c'est psychique que ça ne mérite pas d'attention."