Philippe a besoin de cocaïne avant d'avoir une relation sexuelle avec un autre homme. Photo d'illustration. 4:28
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Catherine Blanc
Vendredi, dans "Sans rendez-vous", la sexologue Catherine Blanc a répondu à la question de Philippe, qui s'interroge sur son besoin de consommer de la cocaïne avant d'avoir une relation sexuelle avec un autre homme. 

À 35 ans, Philippe a depuis plusieurs année des relations sexuelles avec d'autres hommes. Mais il confie prendre de la cocaïne à ces occasions, s'estimant incapable d'avoir du désir pour un autre homme sans cette consommation. Vendredi, dans Sans rendez-vous, la sexologue Catherine Blanc a estimé que ce témoignage dénote une difficulté à assumer son désir homosexuel, tout en conseillant à Philippe de d'abord tenter de comprendre l'origine exacte de cette addiction à la drogue. 

La question de Philippe, 35 ans

Depuis de nombreuses années, j'ai des aventures homosexuelles, mais uniquement en consommant de la cocaïne. Sans cela, il m'est impossible d'avoir du désir pour un autre homme. Est-ce normal ? 

La réponse de Catherine Blanc 

Dans ce cas, le désir est certainement jugé coupable. Le surmoi est peut-être très présent chez Philippe, et peut-être qu'il lui faut quelque chose pour le faire lâcher et lui faire exprimer son désir sexuel. Il se juge fortement quant à son homosexualité, qu'il n'assume pas. Peut-être a-t-il une vie hétérosexuelle par ailleurs et se sent-il d'autant plus coupable. Il y a manifestement une grosse culpabilité à l'origine, et une vision particulière de la sexualité en général, perçue comme quelque chose de pas bien. Il lui faut donc un déclencheur qui ouvre les vannes.

Peut-il arrêter cette consommation rapidement ? Le problème de ces drogues est qu'elles offrent un shoot si important, que le retour à la réalité pour retrouver tranquillement l'excitation à créer soi-même est tellement en décalage que c'est souvent difficile pour ces personnes d'arrêter de consommer ces substances. Tout va tellement plus vite, tout est tellement plus intense, qu'ils n'arrivent pas à lâcher. Tout parait mièvre, petit, sans odeur ni saveur. 

Il y en plus le goût du risque qui s'ajoute à cette addiction. Quand on se met en risque, il y a quelque chose de l'ordre du mélange entre l'autodestruction d'un côté, et un sentiment de toute-puissance de l'autre. On se force à se faire du mal, et en même temps, on espère passer entre les gouttes et nourrir un sentiment d'être au-delà des lois. C'est un jeu d'équilibriste entre deux aspects délirants. Se détruire est dangereux, tout comme se penser tout-puissant, puisque c'est une inadaptation à la réalité des relations avec les autres et du regard à porter sur soi-même.

Je pense que ce n'est pas une histoire de sexualité, mais d'addiction que Philippe doit d'abord régler. Il lui faut comprendre pourquoi cette addiction est là. Est-elle là juste pour débrider la sexualité, ou est-ce un autre sujet beaucoup plus général ? Il lui faut voir si cette addiction est en lien initial avec la sexualité ou si c'est un sujet bien plus vaste dont la sexualité profite.