Isabelle s'inquiète du comportement de son fils avec les femmes. Photo d'illustration. 4:58
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Catherine Blanc
Mardi, dans "Sans rendez-vous", la sexologue Catherine Blanc a répondu à une mère qui s'inquiète du comportement de son fils, qui enchaîne les conquêtes. Et rappelle que les jeunes ne prennent souvent pas le temps d'aller au bout de leurs relations amoureuses.

Aussi bien pour les hommes que pour les femmes, l'adolescence et les premières années de la vie d'adulte sont celles de la découverte de la séduction et de la vie sexuelle, et peuvent s'accompagner d'une volonté de multiplier les expériences. C'est le cas du fils d'Isabelle, âgé de 19 ans, qui enchaîne les conquêtes, ce qui inquiète notre auditrice. Mardi, dans Sans rendez-vous, sur Europe 1, la sexologue Catherine Blanc lui a prodigué quelques conseils. 

La question d'Isabelle

Mon fils de 19 ans enchaîne les conquêtes. Il ne reste jamais très longtemps avec une fille et en fait souffrir certaines. Mon mari dit que ce n'est pas grave, qu'il faut que jeunesse se fasse, mais je n'aimerais pas qu'il rentre dans une trajectoire de don Juan et qu'il ne respecte pas les femmes. Est-ce normal, à son âge, d'enchaîner les conquêtes ? 

La réponse de Catherine Blanc

Ce n'est pas un passage obligé. Il est évident que la jeunesse a tendance à vouloir essayer les choses et à ne pas chercher à aller jusqu'au bout pour les aboutir, pour grandir tranquillement dans la relation. À peine ont-ils essayé quelque chose que, tout de suite, ils se carapatent parce qu'ils ne veulent pas rester face à leurs difficultés, face à leur timidité. Donc ils essaient et ils s'en vont. Et du coup, ils maltraitent la personne qu'ils aiment.

Ce comportement est normal au sens de la norme. Mais est-ce nécessaire pour grandir et devenir un homme ? La réponse est non.

Ce comportement peut-il aussi concerner les jeunes filles ? 

Oui. Il y a deux catégories : celles très inquiètes quant au passage à l'acte dans la sexualité et celles qui ont le sentiment que c'est ça aussi exister pleine de son désir, au même titre que les garçons, dans une consommation pour la consommation. Et à leur tour, elles tombent dans le même piège que les garçons qui est de ne pas prendre le temps de construire, de se découvrir à l'orée de l'autre, et qui fuient au nom d'une consommation tous azimuts. 

Un garçon timide, qui n'aurait pas ce comportement jeune, peut-il changer en vieillissant ? 

Il faut déjà rappeler que quand on est timoré, on peut évoluer mais on n'est pas obligé de jouer le don Juan pour pouvoir changer son fusil d'épaule quant au regard qu'on a sur soi et ses compétences.  Mais souvent, un certain nombre d'hommes qui ont été plutôt calmes et réservés se réveillent tout d'un coup à 50 ans en se disant "mon dieu, je n'ai pas vécu des choses", et qu'il est urgent de les vivre parce que, justement, ils voient poindre la fin de leur vie sexuelle. Alors que 50 ans n'est évidemment pas la fin de la vie sexuelle.

Isabelle a-t-elle raison de s'inquiéter pour son fils ? 

Sa question est intéressante car quand on élève un enfant, on doit lui donner matière à pouvoir être un homme libre. Et être un homme libre, ce n'est certainement pas en aliénant qui que ce soit, donc en l'occurence l'autre sexe.