LA QUESTION SEXO - Mon copain préfère faire l’amour le matin alors que moi plutôt le soir : comment s’accorder ?

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Catherine Blanc
Dans l'émission Sans rendez-vous sur Europe 1, la sexologue Catherine Blanc répond à une auditrice qui se demande comment trouver le moment idéal pour faire l'amour avec son copain, alors que ce dernier préfère le matin et elle plutôt le soir. 

On entend régulièrement des gens dire qu'ils sont plutôt du matin, d'autres du soir. Est-ce vrai ou cela provient-il plutôt d'un manque de curiosité ? Dans l’émission Sans rendez-vous sur Europe 1, Catherine Blanc, sexologue et psychiatre, répond à la question d'une auditrice qui se demande comment s'accorder avec son copain afin de trouver le moment de la journée pour faire l'amour qui conviendra à la fois à elle, et à la fois à son copain.

La question d'Anaëlle 

"Mon copain préfère faire l’amour le matin alors que moi plutôt le soir : comment s’accorder ?"

La réponse de Catherine Blanc

Pour faire l'amour, il faut déjà avoir une disponibilité d'esprit, s'être débarrassé de nos préoccupations du quotidien, qu'elles soient professionnelles ou qu'elles relèvent de nos peurs d'affronter la vie ou la journée. Effectivement, certains sont plus du matin de façon générale, mais pas que pour la sexualité. En termes de dopamine, d'énergie, ils sont prêts à l'attaque tandis que d'autres ont du mal à mettre un pied par terre pour aller aborder la vie. Mais on peut être un peu dans le flou artistique et trouver ça délicieux parce que justement, il n'y a pas de confrontation avec la morale que nous avons qui peut inhiber un peu notre sexualité.  

Le soir peut être un moment de détente, d'abandon, de lâcher-prise. On a tenu toute la journée, intellectuellement, musculairement, et là, on lâche. Ou, au contraire, c'est un moment où on a le sentiment d'avoir beaucoup subi. Et on ne veut pas percevoir la sexualité comme le risque de subir encore plus. D'où une difficulté à s'y adonner à ce moment-là.

La charge mentale qui incombe aux femmes joue-t-elle un rôle ?

Dès que les femmes qui ont de jeunes enfants entendent un bruit, un souffle, elles sont déjà dans leurs préoccupations de maman. Elles sont déjà dans l'organisation de leur journée. Leur anxiété est aussi plus forte que celle des hommes. De leur côté, les hommes prennent une tâche après l'autre, ce qui leur permet de les aborder plus sereinement que les femmes. Le soir, elles sont souvent dans la plainte d'avoir porté tout ça et n'ont pas de disponibilité pour autant. La disponibilité du matin ou du soir n'est donc pas forcément liée à un sexe. 

Mais la question de la capacité à être au diapason se pose. Nous n'avons pas tous le même rythme mais indépendamment de ça, la question qui se pose est : faut-il que l'un cède aux désirs de l'autre ? La réponse est non. Pourtant, il faut arriver à trouver un accord. Être pile poil à l'opposé du temps de l'autre n'est-il pas une façon de se louper ? Cela pose la question de la qualité de la relation, de ses enjeux, de ses non-dits, qui se jouent au travers de ce timing dissonant.     

Doit-on forcément être du matin ou du soir ?

Il n'y a pas d'heure pour faire l'amour. On peut aussi faire l'amour en plein milieu de la nuit, être réveillé et trouver ça délicieux comme insupportable. On peut adorer solliciter ou être sollicité en plein milieu de la journée, comme on peut trouver ça insupportable. C'est aussi la place que nous donnons à la sexualité et indépendamment de la sexualité, il y a aussi notre aptitude à avoir de l'énergie. Et au-delà de l'énergie sexuelle avec des hormones sexuelles, il y a l'énergie de tous les jours, à savoir la dopamine, la noradrénaline, la sérotonine, des énergies absolument indispensables pour avoir un regard sur soi, sur ses possibilités, ses qualités ou ses capacités. 

Doit-on se forcer quand on n'est pas sur le même rythme ? 

Faire des efforts, c'est aussi découvrir ses aptitudes. Tant qu'on imagine qu'on ne fera les choses que quand on sera apte à les faire, on ne les fait pas. Il est donc indispensable de mettre le pied à l'étrier, de se confronter à la difficulté dans la vie pour tous les sujets. Mais l'effort n'est pas en direction de l'autre, c'est pour soi. Ça, c'est important. Commencer à mettre les choses en route, c'est se donner la possibilité de les aboutir… ou pas.