LA QUESTION SEXO – Le rejet de mes parents peut-il influer sur mon activité sexuelle ?

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Catherine Blanc
Dans l'émission "Sans rendez-vous" sur Europe 1, la sexologue Catherine Blanc répond à un auditeur qui se demande si l’homophobie de ses parents et leur rejet pourrait avoir un lien avec sa sexualité, en l’occurrence l’intensité de son activité sexuelle.

Jeudi dans l’émission "Sans Rendez-vous" sur Europe 1, la sexologue Catherine Blanc a répondu à la question de Quentin. Ce dernier s’interroge sur les conséquences d'un rejet familial sur sa sexualité. Il fait l’hypothèse d’un lien entre le fait que ses parents n’aient jamais accepté son homosexualité et l'intensité de son activité sexuelle, qui est parfois à risques.

La question de Quentin

Je suis homosexuel et j’ai toujours eu une activité sexuelle intense, parfois à risques. Est-ce que cela pourrait avoir un lien avec le fait que mes parents ne m’aient jamais vraiment accepté comme je suis ?

La réponse de Catherine Blanc

Un rejet, quel qu'il soit, de la part des parents, entraîne chez l’enfant une lecture sur lui-même et une revendication pour être vu, entendu, reconnu avec des pratiques diverses, qu’il s’agisse ou non de sexualité. Cela peut potentiellement être une appropriation de la lecture négative quant à soi, et une mise en danger le cas échéant. Si l’on sent que l’on n’est pas aimé, on peut participer de son "anamour" pour soi-même.

L’homophobie des parents peut-elle influencer la sexualité ?

Cela peut être le cas en ayant besoin d’être reconnu par le plus grand nombre, donc par le plus grand nombre de partenaires, et ce de façon un peu ambivalente. En effet, avoir beaucoup de partenaires, c’est aussi ne se fixer nulle part et ne pas être reconnu par une personne qui prendrait le temps d’aimer et de construire une relation. Finalement, il veut être reconnu par le plus grand nombre, mais il ne se case nulle part. En outre, il a des comportements à risques, comme s’il cherchait d’une certaine manière à flirter avec la punition potentielle.

L’intensité de l’activité sexuelle est-elle uniquement liée au rejet parental ?  

Il y a évidemment une curiosité chez tout jeune homme, homosexuel ou hétérosexuel, une curiosité de l’expérience et de la démultiplication des expériences, surtout à notre époque. Quentin insiste sur le fait que son homosexualité n’a pas été accueillie et qu’il pourrait y aurait un lien avec son activité sexuelle. La formulation de sa question nous met sur la piste du rejet parental donc je n’irai que dans ce sens-là.

La recherche de l’attention est-elle liée à un manque d’amour ?

Quand nous nous construisons nous avons besoin d’avoir confiance dans nos choix et dans ce que nous ressentons. Il est difficile de s’approprier son propre chemin parce qu’on a tendance à être dans la répétition de ce que sont et ce que veulent nos parents pour nous-mêmes. Il est très difficile de s’émanciper de tout cela, et quand s’impose une sexualité qui diverge, il y a évidemment une grande peur de trahison et d’infidélité à sa culture et à son éducation. L’enfant a besoin d’être rassuré quant à sa légitimité de faire d’autres choix que ceux des parents. C’est donc douloureux quand l'enfant n’est pas accepté, il a inévitablement le sentiment que tout ce qui s’initie en lui n’a pas lieu d’être. Il y a une sorte de course folle à trouver des appuis, une société ou un groupe social. Être dans l’entre-soi homosexuel permet de trouver une place dans laquelle l’on peut être reconnu.

Pourquoi chercher des risques ?

Chercher des risques, c’est flirter avec la punition. Par exemple, si nos parents ne veulent pas que l’on fasse le mur, ne pas faire le mur c’est risquer de rester dans la soumission au parent. Si quelque chose est important pour moi, je veux y aller malgré tout, mais je porte l’interdiction parentale, et me mets dans des situations où le risque est plus grand. L’enfant est toujours dans une volonté de conquérir sa liberté, mais il porte à la fois l’interdit parental. L’adulte a des comportements à risques pour toujours donner la parole définitive et juste au parent qui interdit.