LA QUESTION SEXO - Je suis toujours puceau car j’ai peur des MST

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Catherine Blanc
Dans l'émission Sans rendez-vous sur Europe 1, la sexologue Catherine Blanc répond à un auditeur, attiré par les hommes, qui explique ne pas avoir encore perdu sa virginité par peur des maladies sexuellement transmissibles.

Différentes peurs ont pu être invoquées pour esquiver le premier rapport. Dans l’émission Sans rendez-vous sur Europe 1, Catherine Blanc, sexologue et psychiatre, répond à la question d'un auditeur partageant sa peur des maladies sexuellement transmissibles.

La question de Rémi

"Je suis attiré par les hommes et je suis toujours puceau. Ce ne sont pas les occasions qui manquent mais j’ai une phobie des MST et je n’ose jamais aller plus loin au lit, même avec un préservatif. Que faire ?"

La réponse de Catherine Blanc

"Le fait de repousser le jour du premier acte sexuel trouve de nombreuses justifications : pour certaines, c'est la peur d'avoir mal, de tomber enceinte et pour d'autres celles des maladies sexuellement transmissibles. Mais selon Catherine Blanc, ces phobies sont un artifice cachant une peur plus profonde, celle du jugement des autres et du regard que l'on porte sur soi-même.

Est-ce une peur répandue ?

Les hommes et les femmes invoquent divers motifs pour repousser leur premier rapport sexuel. Les femmes ont peur d'avoir mal ou encore de tomber enceinte. La phobie des maladies sexuellement transmissibles est plus répandue chez les garçons, car ils se sentent, à tort, moins concernés par ces problèmes. 

Cela ne traduit-il pas une peur plus globale ?

C'est en fait une peur de la sexualité qui trouve, dans l'expression de la possibilité de MST, un moyen de s'exprimer et de justifier ce passage difficile. Dans le cas de Rémi, il y a une homosexualité qui cherche à aboutir par le passage à l'acte et qui, sous prétexte d'une phobie, n'aboutit pas. La peur de l'affirmation de son homosexualité, qui serait honteuse au regard de certains, génère la peur de la maladie. Celle-ci est donc vue comme une sorte de sentence punissant son attirance pour les hommes.

La peur du jugement extérieur ne concerne-t-elle donc que les homosexuels ?

De façon générale, notre époque ne voit pas de problème à ce qu'une personne hétérosexuelle soit en désir. Mais à d’autres époques, une jeune fille qui aurait eu du désir aurait éprouvé une forme de culpabilité. Elle aurait eu d’autres angoisses et notamment celle de tomber enceinte : à peine aurait-elle fait l'amour qu'elle serait tombée enceinte.

Quelles sont les solutions pour sortir de cette impasse ?

Rémi doit s'aimer dans son état homosexuel, faire la paix avec lui-même. Cela lui permettra par la suite d'apaiser les lieux de conflits, par exemple le regard de sa famille, et par la suite de trouver dans le regard et le désir d'un autre homme la légitimité à laquelle il aspire. Il aura ainsi tout le loisir de vivre sa sexualité et rira plus tard en repensant à sa première fois."