LA QUESTION SEXO - Je suis féministe mais j'aime faire l'amour avec un macho, pourquoi ?

  • Copié
Catherine Blanc , modifié à

Dans l'émission "Sans rendez-vous" jeudi sur Europe 1, Catherine Blanc répond à une auditrice, Pascale, qui se dit "plutôt féministe" dans son quotidien. Pour autant, Pascale confie aimer avoir des rapports sexuels avec un "macho". Elle se demande comment cela est possible et souhaite avoir le point de vue de la sexologue.

Nos goûts en matière de sexualité doivent-ils coller avec nos idéaux ? Dans l’émission Sans rendez-vous jeudi sur Europe 1, la sexologue et psychanalyste Catherine Blanc répond à la question d'une auditrice, Pascale, qui se dit féministe mais aime faire l'amour avec un "macho", selon ses dires. Pascale se demande comment cela est possible à la suite d'une conversation avec ses amies.

La question de Pascale

"L'autre soir, j'ai eu un débat avec mes copines et je souhaiterais avoir votre point de vue. Je suis plutôt féministe dans l'âme et dans la vie mais au lit j'aime bien faire l'amour avec un macho. Comment est-ce possible ?"

La réponse de Catherine Blanc

"Liberté chérie. Heureusement, il y a de la place pour chacun dans cette société. Ce qui est très intéressant concernant Pascale, c'est qu'elle est vraiment dans un positionnement féministe, donc avec une vraie affirmation et des vraies valeurs féministes. C'est son positionnement clair et réfléchi. Pour autant, elle observe que dans sa vie intime, elle est plutôt attirée et excitée par une autre posture relationnelle entre l'homme et la femme.

C'est toute la richesse de l'être humain : sa propre ambivalence. D'ailleurs, on peut se demander ce qui fait que je défends un point de vue, alors que sommeille en moi quelque chose d'autre qui est une source éventuelle d'excitation. De la même manière, on peut être très excité par des choses interdites tout en ayant un respect des lois par ailleurs. Il y a en nous toujours une sorte de tiraillement entre le raisonnable et le pulsionnel qui est un peu sauvage, hors-la-loi. Sans doute que plus notre pulsionnel est hors-la-loi, plus nous sommes dans la loi dans notre conscient.

Pour Pascale, peut-être que plus elle est attirée par quelque chose de l'ordre du macho dominant dans sa caricature, plus sa réflexion essaie de contrer cette espèce de d'élan pulsionnel. Du coup, elle est peut-être plus féministe que ne le serait sa voisine, par exemple.

Qu'est-ce qu'un homme "macho" au lit ?

Je n'en sais rien parce que je pense que ce qui est intéressant, c'est de réfléchir par rapport à la personne qui pose la question. Ce qui est intéressant, c'est qu'elle dit être féministe, donc défendre le féminin par rapport à une dite domination masculine. Ce que j'entends de ce que serait pour elle le machisme, c'est la domination masculine. Plus elle est excitée dans le désir d'être dominée sexuellement, plus, dans son raisonnement, cela vient révéler trop de son fantasme et elle a besoin de prendre exactement la part inverse pour compenser son excitation presque inavouable, justement, d'être dominée dans le cadre de son intimité érotique.

A-t-on le droit d'être attiré par son opposé strict ?

Oui, bien sûr. D'ailleurs, nous parlions récemment de mots qui sont évoqués dans la sexualité. Par exemple, quand une personne a recours à la vulgarité. Ça ne veut pas dire que c'est quelqu'un qui parle comme un charretier dans la rue. Ça peut être quelqu'un qui éduque parfaitement ses enfants sur comment on agit, comment on parle aux voisins, comment on dit bonjour à la dame. Pour autant, il y a des choses dans la sexualité qui se libèrent et qui ont tout lieu de se libérer, dans le respect, bien sûr, de l'individu avec lequel on fait l'amour et dans le respect de soi.

Mais il y a quelque chose qui se libère et qui, du coup, ne nous met pas toujours en tranquillité. D'où nos positions parfois très rigides une fois sortis du cadre de l'intimité.

Ça ne pose donc aucun problème d'avoir de telles envies au lit et d'être féministe ?

Non, elle a le droit d'avoir réfléchi et pensé les choses. Et je trouve d'ailleurs très joli et humble de se dire que malgré tout, je ne suis pas sur toute la longueur en accord avec moi-même. Cela permet aussi d'affirmer un peu mieux ses positionnements féministes quand on les réfléchit comme cela. Parce que sinon on a des positions qui sont simplement mécaniques et arbitraires pour lutter contre une peur que l'on a non pas de l'homme, mais de soi-même et de ses propres fantasmes. Ces derniers peuvent justement être liés à cette idée de délicieuse soumission qui, tout à coup, fait peur et pousser à accuser l'homme de sa domination, par exemple."