LA QUESTION SEXO - Faut-il parler de son passé amoureux avec son conjoint ?

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Catherine Blanc
La question des "ex" est un sujet toujours délicat à aborder quand on débute une nouvelle relation. Alors, faut-il tout dire sur son passé amoureux ? La psychanalyste et sexologue Catherine Blanc a donné ses conseils lundi sur Europe 1. 

C’est un sujet qui peut vite devenir tabou au sein d’un couple : les "ex". Quand on débute une nouvelle relation, il n’est jamais évident d’aborder son passé amoureux. Mais faut-il absolument en parler et, si oui, faut-il tout dire à son conjoint ? La psychanalyste et sexologue Catherine Blanc a répondu à cette délicate question lundi dans l’émission "Sans rendez-vous" sur Europe 1. 

"C’est normal d’avoir la curiosité de l’autre : qui est-il, d’où vient-il, qu’aime-t-il, comment s’est-il construit ? Les ex font partie de cette logique. Cela pose la question de savoir ce que l'autre aime ou n'a pas aimé pour savoir comment moi je dois être ou me comporter pour être aimé. 

Parler de ses ex, c'est parler de ce qu'on a aimé ou de ce qui nous a fait souffrir. C'est indiquer à l'autre ce qui pourrait nous faire souffrir ou ce qui nous plaît. Sauf qu'on fait intervenir des tiers et cela rend la relation difficile à créer et à construire sur la base d'une neutralité, puisque c'est toujours en réaction à ce qui a été vécu. C'est comme si on demandait à son partenaire de réparer ou de compléter ce qui ne l'a pas été dans le passé. 

Est-ce de la curiosité mal placée ? 

C’est une question assez narcissique. C'est se demander : est-ce que ma valeur est la bonne, est-ce que je suis mieux que le ou la précédente ? Cela peut être difficile parce que je suis comparé à quelqu'un d'autre qui a pu faire les beaux jours de la personne que l'on aime. C'est une question qui rend plus compte de nos fragilités. Les ex n'ont pas lieu d'être comparés parce que d'abord, ce ne sont pas les mêmes moments de notre vie, les mêmes épanouissements, les mêmes enjeux. Donc ça n'a pas lieu d'être comparable. Le risque c'est de vouloir prouver que l'on est exactement ce qu'a été l'autre qui a été quitté, ou le contraire de ce que l'autre n'a pas été capable de faire. Le risque est de s'enfermer dans une idée de soi qui n'est pas la bonne. 

Je pense à une personne qui venait me voir parce que sa femme l'avait quitté parce que leurs désirs ne collaient plus. Il était tout content d'avoir une nouvelle relation avec une femme qui le désirait davantage. Sauf que dans la réalité, cette femme avait ce désir parce qu'elle savait que la précédente n'aimait pas faire l'amour. Donc il lui fallait aimer faire l'amour, ce qui fait qu'elle s'est forcée et, à terme, elle n'y est pas arrivée non plus. On est là dans un rapport de soi au lieu d'être dans une créativité de relation. 

Il vaut mieux ne pas répondre dans le détail aux questions sur les ex, non ?

Voilà, on peut dire que j'ai aimé telle personne, que c'était chouette mais que ça s'est terminé et que maintenant je suis sur autre chose. On n'est pas obligé de rentrer dans les détails et surtout pas dans le fantasme érotisé qui est de faire venir un tiers pour se valoriser, ce que font parfois certains. 

A partir de quand la curiosité est malsaine ?

Dès qu’on rentre dans les détails de ce qu’elle ou il faisait, ou de dire : 'pourquoi n’as-tu pas réagi à ce moment-là ?'. Là on juge le passé de l’autre, on le réécrit. C’est juger de l’incompétence de la personne que l’on aime, donc déjà là on est tout à fait hors jeu."