LA QUESTION SEXO - Complexée, je ne peux faire l'amour que dans le noir, comment faire ?

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Catherine Blanc
Ce lundi dans "Sans Rendez-vous", l'émission santé d'Europe 1, la sexologue Catherine Blanc explique comment dépasser ses complexes lorsque ces derniers perturbent nos rapports sexuels. Elle répond ainsi à Lucie qui ne peut faire l'amour que dans l'obscurité et craint que cela nuise à son couple. 

De nombreuses personnes sont mal à l'aise avec leur corps. Pour certaines, cela mène à des difficultés à avoir des rapports sexuels. Cela peut conduire à mettre en place des mécanismes, comme éteindre la lumière, afin de se cacher. Si la lumière tamisée peut souvent aller de concert avec l'acte sexuel, l'obscurité peut décontenancer le partenaire. Lundi, au micro de Sans Rendez-Vous, l'émission santé d'Europe 1, la psychanalyste et sexologue Catherine Blanc répond à Lucie, une auditrice qui craint que son petit ami la délaisse en raison de ses complexes.

La question de Lucie

"Je suis quelqu'un de très complexée, même avec mon copain au lit. Si l'on ne fait pas l'amour dans le noir, je suis complètement bloquée. Comment puis-je affronter ma timidité et mes complexes sexuels pour éviter de faire fuir mon copain ?"

La réponse de Catherine Blanc

"Baisser la lumière permet de pouvoir être plus facilement en contact avec son émotion et ses fantasmes. Cela oblige à aller rechercher intuitivement l'autre, plutôt que d'être confronté à la crudité de son regard et de notre regard sur nous-même. Ce qui nous fait peur dans la sexualité, qui plus est avec quelqu'un que l'on rencontre pour la première fois, c'est de savoir ce qu'il va penser de nous.

Selon le degré de confiance que nous avons en nous, il est plus ou moins facile d'accepter le regard de l'autre. Ce que nous n'aimons pas chez l'autre, c'est notre propre regard projeté sur lui. Nous éteignons la lumière pour essayer de nous éloigner de la cruauté de notre regard.

Est-ce courant d'avoir des rapports sexuels en pleine lumière ?

Les fantasmes de certains peuvent tout à fait s'accommoder des pleins feux. Mais c'est vrai que la lumière, ne serait-ce qu'un peu tamisée et douce - ce qui n'empêche absolument pas de voir puisque nos yeux s'accoutument à l'obscurité - est caressante et plutôt flatteuse pour la réalisation de nos fantasmes et de nos ébats.

Si on considérait que le but est de se retrouver en pleine lumière, cela favoriserait une vision pornographique. Voir les corps de façon photographique, avec des gros plans, peut nourrir le fantasme de certains, justement éduqués par la pornographie. Mais sinon, l'érotisme s'accorde mieux avec une part de fantasme qui va pouvoir être portée par le fait de ne pas tout voir et donc de plus imaginer.

Lorsque ce sont les complexes qui dictent ces décisions, comment réagir ? 

C'est une erreur de penser qu'il n'y a que les yeux qui regardent. Les mains vont palper le corps et le découvrir. De plus, être trop dans le noir va potentiellement entrainer des indélicatesses de mouvements. On se met dans une situation où l'on ne peut pas voir comment est l'autre. Mais il n'y a pas que la peur du corps, il y a aussi la peur de la grimace, car quand on jouit, on ne sait pas la tête que l'on fait et on a peur d'avoir une tête ridicule. Donc chacun essaie de se fabriquer un personnage. L'avantage d'une lumière un peu douce ou du noir, c'est qu'on est moins préoccupé par ce genre de choses.

Comment éviter que ces complexes nuisent à une relation ? 

Puisqu'elle a conscience de ses complexes, c'est un sujet pour elle, mais elle ne doit pas le faire au nom de son partenaire. Ce n'est pas lui qui fait la loi. Sinon on retombe dans l'image du partenaire habitué à la pornographie qui attend de retrouver tous les codes qui l'ont fait grandir et qui l'ont limité.

Donc, elle a à travailler sur elle-même pour plus de tranquillité et de sécurité afin de s'épanouir et se trouver belle devant la glace, s'aimer avec ses défauts. Qu'elle soit trop maigre, trop grosse celluliteuse ou avec vergetures. Si c'était un facteur pour ne pas être désiré, il y aurait beaucoup de femmes sur le carreau et tel n'est pas le cas."