LA QUESTION SEXO - Comment faire face à un conjoint jaloux ?

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Catherine Blanc
Dans "Sans Rendez-vous", la sexologue et psychanalyste Catherine Blanc répond à Angèle. Cette dernière constate que la dépression de son mari a nourri sa jalousie et qui lui reproche chacun de ses retards. Elle se demande comment le rassurer afin qu'il cesse son comportement.

>> La dépression est une épreuve pour ceux qui en sont victimes mais aussi pour leur entourage. Le manque de confiance en soi que la dépression provoque peut rejaillir sur les autres, comme c'est le cas dans le couple d'Angèle. Pour la sexologue et psychanalyste Catherine Blanc, cette jalousie est due au fait "qu'il la voit tout de même jouir de la vie, ce dont il se sent incapable". Mais comme elle l'explique au micro de "Sans Rendez-vous", il ne faut pas abonder "dans son sens pour qu'il ne devienne pas tyrannique mais l'accompagner dans le soin".

La question d'Angèle

"Mon mari est assez dépressif depuis quelques mois et du coup, en plus de son tempérament morose, il devient extrêmement jaloux me concernant. Dès que je ne rentre pas à l'heure précise où il m'attend, il pense que je suis avec un autre homme. Comment faire pour le rassurer car je crois que c'est surtout lui qui manque de confiance en lui ?"

La réponse de Catherine Blanc

"Quand on est dépressif, on perd tout élan. Le principe de la dépression, c'est de perdre le goût des choses, de la vie, du désir, de la sexualité, de tout. Or, le désir au sens large, c'est fondamentalement ce qui nous permet d'aller de l'avant et d'avoir un projet pour soi même, d'être ambitieux pour soi même. Donc, à partir du moment où ce désir s'éteint, on se retrouve complètement objet de la situation, du contexte, des autres.

Cela renvoie à quelque chose de très régressif : une position d'enfant qui n'est pas en capacité de se satisfaire lui même et qui attend désespérément maman pour le nourrir, le changer, etc. En étant dépressif, il est dans une relation de dépendance à sa femme. Toute absence de sa femme, qui jouit de la vie, de l'extérieur, donc potentiellement d'un autre homme, est mal vécue parce que lui ne se sent ni être un homme ni en capacité de subvenir à ses besoins.

Est ce qu'on peut devenir jaloux tout d'un coup sans que l'autre ait commis une erreur ?

Oui, la jalousie raconte sa défaillance à lui. Même si elle n'a pas commis le moindre écart il la voit tout de même jouir de la vie, ce dont il se sent incapable. Donc cette jouissance est par définition une tromperie. C'est de là que naît cette jalousie. Ce n'est absolument pas nécessairement porté par des évènements. Il suffit qu'elle ait été contente de déjeuner avec des copines ou avec un collaborateur. De toute façon, tout devient sexuel puisqu'il se sent complètement détruit dans la perception de sa virilité et de son rôle d'adulte et d'homme. 

Céder à ses exigences va-t-il améliorer les choses ou faut-il s'y opposer ?

Venir et être au garde à vous, ce serait faire de son état dépressif un état tyrannique. Si l'on poursuit le parallèle de l'enfant, ce serait le laisser devenir un enfant tyrannique et il ne sera jamais paisible. Donc ça ne sert strictement à rien d'arriver à l'heure puisque, de toute façon, son état dépressif lui donne un regard déformé de la relation et du réel.

Il ne faut pas le faire exprès non plus. Si je dis que je rentre à 20 heures, je le fais. Maintenant, s'il est 20h10 tant pis. On rassure l'autre, on le prévient pour le mettre en sécurité, bien sûr. Mais si, ensuite on est reçu avec la soupe à la grimace et l'anxiété grandissante, c'est important de pouvoir dire que la réaction est disproportionnée, lui dire qu'on le sent déprimé. On n'abonde pas dans son sens pour qu'il ne devienne pas tyrannique mais on l'accompagne dans le soin.