La perte d'érection peut être liée à de l'anxiété, explique Catherine Blanc. 5:06
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Catherine Blanc
Dans "Sans Rendez-vous", la sexologue et psychanalyste Catherine Blanc répond à Marc, qui explique que son conjoint rencontre des pertes d'érection au moment de la pénétration. Pour la sexologue, ce problème, très commun, pourrait être dû à l'anxiété du compagnon de Marc.

La perte d'érection arrive plus souvent qu'on ne le pense. Dans "Sans Rendez-vous", la psychanalyste et sexologue Catherine Blanc a répondu à la question de Marc, 25 ans, dont le conjoint rencontre des pertes d'érection et qui se demande comment expliquer ces pannes. Pour la sexologue, le compagnon de Marc pourrait être plus anxieux qu'il ne le pense, provoquant ainsi ses problèmes d'érection.

La question de Marc, 25 ans

"Depuis quelques temps, mon copain a très envie de faire l'amour. Mais le problème, c'est qu'il perd son érection au moment de la pénétration. Je ne vous cache pas que cela me met mal à l'aise. Comment peut-on expliquer cette panne ?"

La réponse de Catherine Blanc 

"C'est plus fréquent qu'on ne le pense. Et surtout, ça ne concerne pas que les couples homosexuels. C'est aussi vrai dans un cadre hétérosexuel, parce que l'envie est une chose. Et puis, il y a tout ce qui s'emmêle, c'est à dire la culpabilité, les histoires tout à fait inconsciemment d'ailleurs parce qu'il est très actif et très en désir. Mais tout d'un coup, il y a d'autres choses que cela raconte : des peurs, des culpabilités qui peuvent tout d'un coup venir, ou bien, des projections de l'autre. Comme si la pénétration était vécue comme une agression de l'autre. Même si techniquement, on sait bien que non et que c'est attendu et demandé par son partenaire ou sa partenaire.

Le fait est que notre inconscient nous joue des tours parce que notre histoire de construction psychique, elle est passée par des tas d'événements, des tas de lectures ou des sur-lectures à des contextes particuliers qui font du coup des empêchements ou des interdits et donc des protections mises en œuvre.

Qu'est ce que ça signifie qu'il perde son érection au tout début de la pénétration ? 

La perte d'érection, ça empêche la pénétration pour beaucoup d'hommes. La perte d'érection peut empêcher complètement la pénétration. Par peur pour eux, par peur pour l'autre. Et évidemment, ça ne veut pas dire qu'on ne s'aime pas. Ça ne veut pas dire qu'on ne peut pas avoir une vie sexuelle autre que pénétrante. Mais évidemment, elle est limitée par cette problématique qui est d'ordre psychologique essentiellement. 

Mais justement, c'est ça qui est intéressant. Quelle lecture un homme peut il avoir de sa sexualité, de sa pénétration et de ce que cela implique pour lui ou pour l'autre? Et ça, c'est vraiment d'ordre psychologique, complètement inconscient,  malgré son amour, malgré son désir, malgré l'excitabilité qui est la sienne et celle de l'autre. C'est pour ça que le partenaire ne doit pas le vivre comme un jugement de ne pas être assez désirable puisqu'il ne s'agit pas de l'autre, mais bien de ce qui se produit dans la tête de celui qui veut pénétrer et qui fait une lecture, une sur-lecture de la réalité en fonction de son histoire personnelle. 

Est-ce qu'un cercle vicieux peut se mettre en place ?

Absolument, parce qu'on rajoute du coup l'angoisse de performance qui, évidemment, va à chaque fois se nourrir de l'échec précédent. Alors, j'aurais tendance à dire, pensons comme les Américains. Echoue souvent comme ça, tu apprends effectivement le chemin de la victoire et tu te réjouis de la victoire quand elle viendra. Mais le fait est que dans le domaine de la sexualité, nous avons du mal à le voir sous cet angle là. 

Est-ce qu'il n'y a pas aussi une homosexualité pas assez assumée dans ce cas précis, et qui engendre des difficultés sur le plan technique ?

Oui, vous avez raison. Mais encore une fois, c'est de toute façon une sexualité pas assumée. Ça aurait été dans le cas aussi d'un couple hétérosexuel. C'est une sexualité pas assumée, c'est à dire la lecture que j'ai de ma posture sexuelle, se réalise tout d'un coup. C'est comme si je me tapais sur les doigts, sur la verge en l'occurrence, pour la faire débander. Ça peut être aussi une peur, une peur d'être absorbé, mangé, découpé par le corps pénétré. C'est pour ça que je dis que c'est une peur pour soi. L'enjeu et soit pour soi, soit pour l'autre. Peur du mal que l'autre pourrait me faire ou peur du mal que je pourrais faire à l'autre. La meilleure solution reste de consulter car cela peut être lié à de l'anxiété. Il y a de fortes que cette personne soit également anxieuse sur d'autres domaines."