Ne pas pouvoir dormir sans couverture ou drap peut être un signe d'insécurité. 5:10
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Catherine Blanc
Vendredi, dans "Sans rendez-vous", la psychanalyste et sexologue Catherine Blanc a répondu à la question d'une auditrice, étonnée qu'un de ses amis ne puissent dormir sans couverture. Pour notre spécialiste, cette exigence peut être vue comme une quête de sécurité pendant la perte de contrôle que peut représenter le sommeil. 

Dis moi comment tu dors, et je te dirais qui tu es. Si les choses ne sont bien évidemment pas aussi simples, notre comportement au lit, mais aussi notre rapport au sommeil, peuvent dire beaucoup de nous, comme l'a rappelé vendredi dans Sans rendez-vous la sexologue et psychanalyste Catherine Blanc, qui répondait à la question d'une auditrice d'Europe 1, étonnée qu'un de ses amis ne puissent dormir sans couverture.

La question de Naïma 

Un ami m'a dit qu'il ne pouvait jamais dormir sans couverture, sinon il ne se sent pas en sécurité. Est-ce normal ? 

La réponse de Catherine Blanc 

Quand on s'endort, on perd le contrôle de ce qui se passe dans notre environnement, et on se replie à l'intérieur de nous-même, dans une bulle. Et il faut beaucoup de confiance pour laisser ce qui pourrait se passer à l'extérieur, comme le regard des autres sur ce corps qu'on a abandonné dans le lit, et particulièrement sur tout ce qui concerne notre génitalité. Car au-delà de l'exemple du drap et de la couverture, il y a des personnes qui vont dormir avec un slip, une culotte, un pyjama. 

Vouloir dormir couvert ou habillé, un signe d'insécurité ? 

Oui, cela peut être un signe d'insécurité. Mais on a le droit d'avoir nos insécurités, on en a tous. Ce n'est pas pathologique. Il y a aussi le fait que nous avons cette espèce de retour à l'état qu'était le ventre maternel dans lequel on était enveloppé. Donc on recherche l'enveloppement, qui est le lieu des sécurités. 

Dormir, c'est quand même aller flirter avec une idée de mort. Il y a donc un besoin de sécurité par un environnement. On se protège, et de l'extérieur qui pourrait nous agresser, et de l'idée que nous nous faisons de nos propres fantasmes, puisque quand on dort, nous rêvons. Nous avons peur de nos propres pulsions, dont les pulsions sexuelles et les pulsions agressives. Donc le fait d'être protégé est comme mettre un voile sur ce lieu d'expression que représente notre sexualité. 

Faut-il conclure que quelqu'un qui dort nu n'a pas de sentiment d'insécurité ? 

Ne nous laissons pas leurrer. Il y a des personnes qui dorment nu, mais à condition qu'il y ait quelqu'un à côté d'eux, qui fasse office de protection. Dans certains couples, par exemple, dès lors que l'un des deux est parti en voyage, celui qui dormait nu ne le fait plus, car la confiance était donnée à son partenaire, qui, par sa seule présence, est un cadre de protection.

Il n'y a pas d'un côté ceux qui s'en sortent et de l'autre ceux qui ne s'en sortent pas, les libérés et les coincés. Il y a aussi ceux qui dorment tranquillement et ceux qui sont toujours en surveillance. Et entre ceux qui sont nus, mais en surveillance, et ceux qui sont habillés mais dorment tranquillement, peut-être faut-il alors choisir le pyjama et le sommeil profond, pour une meilleure qualité de vie.