LA QUESTION PSYCHO - Mon copain ne répond pas assez à mes messages, dois-je m'inquiéter ?

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Catherine Blanc
Dans l'émission "Sans rendez-vous" mardi sur Europe 1, Catherine Blanc répond à une auditrice, Anna, en couple depuis un an et demi avec un garçon dont la communication est loin d'être la première des qualités. Celui-ci ne répond que très peu à ses messages et trouve, selon elle, des excuses. Elle se demande si elle doit s'inquiéter.

La communication est un élément souvent très important dans les couples. Dans l’émission Sans rendez-vous mardi sur Europe 1, la sexologue et psychiatre Catherine Blanc répond à la question d'une auditrice, Anna, qui s'inquiète de l'attitude de son compagnon, avec qui elle vit depuis un an et demi. Elle estime que celui-ci ne répond pas assez à ses messages et trouve des excuses pour ne pas le faire.

La question d'Anna

"Cela fait maintenant un an et demi que je suis en couple avec un garçon pour qui la communication n'est pas son fort. Il répond parfois à mes messages le lendemain, il me dit sans cesse qu'il ne voit pas mes messages ou qu'il n'a plus de batterie. Dois-je m'inquiéter ?"

La réponse de Catherine Blanc

"Tout le monde n'a pas le même talent pour pouvoir communiquer, pour pouvoir exprimer ses sentiments, ses émotions, ses plaisirs et déplaisirs et réagir à l'autre. Je ne sais pas quelle est la dose d'attentes et la dose de textos qui est envoyée et donc les réponses qui se font ou ne se font pas. Tout le monde n'est pas à l'aise pour écrire ou c'est parfois simplement des 'oui' ou des 'non' quand la personne en face élabore, elle, une phrase, un texte, voire carrément une missive.

Nous ne sommes pas tous égaux. Certains, évidemment, profitent de la difficulté pour ne pas faire l'effort de la communication. Or, évidemment, un couple, une relation de couple, mais aussi une relation entre amis, familiale ou sociale, nécessite un tant soit peu de lien à l'autre.

Avoir une réponse le lendemain, c'est embêtant quand même...

Oui, effectivement. Cela pose la question de pourquoi elle persiste, pourquoi elle arrive à tenir comme ça un an et demi. Qu'est-ce que cette relation - qu'elle ne trouve pas respectueuse - dit de son attente ? Ça ne veut pas dire que lui n'est pas respectueux, mais il n'est pas respectueux de son attente. Qu'est-ce qui fait qu'elle est encore là à attendre et à subir ? Quelle est la part de masochisme qui la maintient en place ? Au nom de quoi maintenons-nous une relation qui ne nous convient pas ? C'est comme si on se disait qu'avec le temps, on finirait par faire céder l'autre et on l'obligerait à parler, alors que très certainement c'est une incapacité ou un sadisme volontaire ou inconscient à son encontre.

Il y a donc malgré tout un problème ?

Il y a en tout cas le fait que lui ne met pas de l'importance là où elle met de l'importance. Il se fout peut-être d'elle. Mais peut-être, aussi, que c'est quelqu'un qui ne s'intéresse pas à son téléphone, qu'il l'a dans un coin de la maison et n'est pas accro. Tout le monde n'a pas son téléphone greffé sur lui. Ce n'est pas pour l'excuser, mais il faut se dire qu'il y a aussi cette possibilité-là. On n'est pas obligés d'avoir son téléphone constamment avec soi.

Avant, il y avait le téléphone fixe, il n'y avait pas de répondeur. Le téléphone sonnait et si on était là, on répondait. Sinon, il sonnait et si on n'était pas là, on ne répondait pas. Aujourd'hui, on est censés répondre dans la seconde à l'autre, le rassurer.

N'est-ce pas tout de même une relation un peu toxique ?

C'est en tout cas, de toute façon, deux rythmes qui ne vont pas ensemble. Encore une fois, c'est une question qui est posée par une personne. C'est toujours intéressant de savoir comment l'autre en parlerait. On n'a pas la réponse, donc on ne va pas se mettre à juger les choses. Mais de toute façon, il n'y a pas deux rythmes qui ne se correspondent pas. Il y a une personne qui n'a manifestement ni l'aisance ni l'envie de communiquer et une autre qui est dans l'attente. Elle me demande de juger si elle doit s'inquiéter et partir ou non, mais la seule personne qui peut en décider, c'est elle.

Elle est inquiète et elle a raison de l'être puisqu'elle souffre. Dans la mesure où elle souffre, la question n'est pas de savoir si elle a raison ou tort ou si l'autre a raison ou tort... C'est plutôt : je ne suis pas bien, pourquoi je reste ? Pourquoi suis-je capable de rester face à quelqu'un qui ne me parle pas et pourquoi vais-je quémander son amour ? À quoi cela fait-il référence ? Si je suis avec cet homme depuis un an et demi, qu'est-ce qui, dans mon histoire personnelle, me fait être en capacité d'accepter ça ?

Très certainement, j'ai dû grandir dans un univers où, déjà, les preuves d'amour n'étaient pas faciles à glaner. Il fallait lourdement attendre, souffrir dans l'attente d'une maman, d'un papa, peut-être dans l'attente d'une reconnaissance ou d'un moment de fierté. Ces manques-là, historiques, elle les re-provoque dans une relation. Et cet homme-là arrive pile-poil parce qu'il a exactement le profil idéal d'un mode de relation basé sur une certaine souffrance et un certain sadisme de l'autre."