LA QUESTION PSYCHO - Faut-il tout se dire dans un couple ?

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Catherine Blanc , modifié à
Dans l'émission "Sans rendez-vous" mercredi sur Europe 1, Catherine Blanc répond à Simon, un auditeur qui raconte que sa femme veut tout savoir de ses aventures précédentes et de ce qu'il pense de ses collègues femmes. Pour la psychanalyste et sexologue, la femme de Simon a avant tout besoin d'être rassurée sur elle-même.

Il est parfois bien difficile de parler de tous les sujets dans un couple. Dans l’émission Sans rendez-vous mercredi sur Europe 1, la sexologue et psychiatre Catherine Blanc répond à la question d'un auditeur, Simon, qui se demande s'il n'a pas le droit d'avoir "un jardin secret", alors que sa femme veut toujours tout savoir sur ses aventures précédentes et ses collègues de travail.

La question de Simon

"Faut-il se dire tout dans le couple ? Ma femme voudrait tout savoir de mes aventures précédentes, elle m'interroge tout le temps sur mes collègues féminines de bureau, pour savoir si je le trouve jolies par exemple... Bref, j'ai le droit d'avoir un jardin secret non ?"

La réponse de Catherine Blanc

"Nous avons tous la curiosité de savoir qui était l'autre avant, bien sûr, parce qu'on a un peu l'idée de ce dont il serait capable, pas capable etc. On a toujours cette curiosité pour se protéger, avec toujours une idée de maîtriser un petit peu l'autre et ce vers quoi il pourrait tendre.

Ceci étant, c'est sa vie. Chaque personne n'est pas que le reflet de son passé. Celui-ci est aussi un lieu d'expérimentations et de découvertes, d'erreurs et donc d'apprentissages. On apprend de nos erreurs : elles sont nécessaires, ce sont des occasions d'apprentissage. Ce serait triste de réduire quelqu'un à ce qu'il a fait dans le passé, sans lui donner la possibilité d'en faire quelque chose d'autre et notamment avec un nouveau ou une nouvelle partenaire.

Que penser de l'idée d'avoir un "jardin secret" ?

On a tous la nécessité d'un jardin secret. Cela n'implique pas de développer nécessairement des vies parallèles... Ce n'est pas de ça dont je parle. C'est plutôt que nous avons automatiquement un regard sur le monde et on n'est pas obligés de le commenter en disant 'ça, ça me plaît, ça, ça ne me plaît pas ; elle est belle, elle n'est pas belle ; elle m'aurait plu si je l'avais rencontrée avant toi ou si tu n'avais pas existé dans ma vie'.

Ce que je veux dire, c'est que nous avons automatiquement nos regards sur le monde (si j'avais cet âge, j'aurais aimé cette fille ou ce garçon etc.). On a tous ça, c'est une pensée qui circule, c'est quelque chose qui ne s'arrête pas... Ce n'est pas une obsession, c'est juste une pensée. On ne peut pas passer son temps à les raconter, car elles seraient prises comme des préoccupations qui remettraient éventuellement en question la relation.

Sa femme n'est-elle pas simplement jalouse ?

Cela raconte autre chose, qui est la fragilité qui est la sienne. C'est-à-dire le doute qui est le sien, donc sa fragilité narcissique et le besoin de réassurance. Et ce besoin de réassurance, il est dans le regard exclusif qu'elle attend posé sur elle-même, avec l'idée de toute façon qu'elle a arbitré elle-même qu'elle n'était pas à la hauteur, pas assez bien. Du coup, elle suppose des pensées qui corroborent sa propre lecture d'elle-même.

Qu'est-ce que Simon peut lui répondre ?

Considérant que c'est la fragilité et l'inquiétude qui jouent un rôle, il faut rassurer la personne sur elle-même. Il s'agit de lui dire : 'Ma chérie, pourquoi tu me poses ces questions ? Tu doutes tellement de mon amour pour toi, tu doutes tellement de ta beauté, tu doutes tellement de ta compétence... Tu ne devrais pas. Qui ai-je épousé ou avec qui je vis ? Toi. Avec une autre ? Non, avec toi. Point."