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Tiffany Fillon
Dans Sans Rendez-vous, la sexologue Catherine Blanc donne ses conseils à un auditeur qui se questionne sur son rejet des caresses pendant l'acte sexuel. 
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Invitée sur Europe 1, Catherine Blanc, sexologue et psychanalyste à Paris, répond à un auditeur inquiet. "Je ne supporte pas d'être touché. Les caresses m'insupportent, qu'elles soient dans le cadre de simples massages ou de celui de la sexualité. Devrais-je me forcer un peu pour fluidifier mes relations sexuelles, comme le suggère mon ami. Qu'en pensez-vous ?", se demande Bertrand. 

Si cette réticence peut paraître surprenante, c'est parce qu'elle va à l'encontre du comportement humain. "Nous avons grandi avec les caresses puisque dans le ventre maternel, pendant neuf mois, notre corps s'est construit, notamment notre système nerveux, sur la base des caresses de la paroi intra-utérine contre laquelle nous sommes bercés", assure la sexologue. Or, si cette recherche de la caresse est valable pour les humains, il l'est même pour tous les mammifères. 

Le signe d'un traumatisme 

Partant de ce constat, le rejet des caresses peut ainsi trouver ses origines dans le passé. "Dès lors que l'on est dans la difficulté à recevoir des caresses, cela pose la question du traumatisme, au sens physique du terme, c'est-à-dire être battu ou touché contre mon gré", précise-t-il. Cet inconfort peut aussi cacher des "douleurs psychologiques" dues "au manque d'avoir été touché", ajoute Catherine Blanc.

"Si, pendant neuf mois, j'ai été dans cette paroi intra-utérine et qu'ensuite, il n'y a plus de contact avec la mère parce qu'elle meurt, qu'elle abandonne ou qu'elle ne prenne pas son enfant dans les bras, l'enfant - pour se protéger de ce désir très fort d'être touché et qui pourrait être frustré tant ce n'est pas possible - désinvestit la partie corporelle", illustre la sexologue. 

"À titre de quoi doit-on se forcer ?"

Outre le traumatisme qu'il révèle, ce manque de caresses est gênant car il peut empêcher d'être épanoui sexuellement. "La sexualité sans être touché est complexe, c'est-à-dire que c'est réduire le coït au coït et nier l'autre qui devra de toute façon apporter quelque chose dans son contact", analyse Catherine Blanc. Même si l'on est conscient que ce comportement est révélateur d'un traumatisme, il ne faut, d'après elle, pas se forcer. "À titre de quoi doit-on se forcer ? Si en plus on m'a fait du mal, vous pensez bien que me forcer ne va pas améliorer la défiance que je peux avoir", explique-t-elle. 

Alors, que faire face à une souffrance si profonde ? Pour Catherine Blanc, il existe plusieurs possibilités : des "thérapies psychologiques pour comprendre ce qu'il s'est passé" et des "thérapies corporelles qui vont respecter cette prise de contact avec son corps"."L'hypnose peut être aussi intéressante", estime-t-elle. 

Même si ces thérapies peuvent améliorer la situation, il faut s'armer de patience. "C'est un chemin long", lance-t-elle. "S'il y a eu blessure, qu'on puisse témoigner. Quand on n'a pas les mots pour raconter nos traumatismes, notre peau est le premier langage pour raconter nos douleurs."