Le retard de croissance d'un enfant est surveillé avant même sa naissance. 1:56
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Ugo Pascolo
Ce jeudi dans "Sans Rendez-vous", la pédiatre et endocrinologue à l'hôpital parisien Robert Debré, Mélanie Amouyal, fait le point sur les troubles de croissance des enfants. La spécialiste explique notamment comment une telle pathologie est détectée, et revient sur le traitement mis au point pour que l'enfant rattrape son retard. 

C'est un problème qui tracasse souvent les jeunes parents : la taille de leur enfant. S'il est jugé trop petit par rapport à la moyenne, l'enfant peut avoir développé un retard de la croissance. Invitée de Sans Rendez-vous ce jeudi la pédiatre et endocrinologue à l'hôpital parisien Robert Debré, Mélanie Amouyal, fait le point sur ce trouble, sa détection, et détaille le traitement mis au point contre cette pathologie. 

Comment détecter un problème de croissance chez un enfant ? 

Pris au sérieux, un éventuel retard de croissance est surveillé "dès la grossesse" par le corps médical, explique la spécialiste. Si un bébé fait en moyenne 50 centimètres à la naissance, il peut tout de même développer cette pathologie plus tard. C'est pour cela qu'il est important "pendant toute la croissance, et au moins une fois chaque année entre 2 et 3 ans", de prendre rendez-vous chez son pédiatre. Car c'est bel et bien ce dernier qui va détecter une anomalie et orienter les parents vers un endocrinologue. 

À titre de repère, Mélanie Amouyal livre toutefois quelques chiffres pour rassurer les parents : "Pendant les deux premières années, un enfant grandit en moyenne de 37 centimètres (25 la première année et 12 la deuxième). Ensuite, cela se régularise entre 4,5 et 6 centimètres par an jusqu'à la puberté, où il y a de nouveau un pic de croissance." 

Mais si un problème est détecté, l'enfant va subir "un bilan biologique, comprenant notamment une prise de sang, mais aussi parfois une radio de la main gauche appelée radio d'âge osseux, qui montre le potentiel de croissance". "Un âge osseux en retard [par rapport à l'âge réel de l'enfant] signifie qu'il y a un potentiel de croissance plus important." Néanmoins, le premier signe d'un trouble reste "un ralentissement franc de la croissance. Dans ce cas, il ne faut pas attendre."

Quel traitement ? 

Car le temps joue en défaveur du jeune patient. "Le traitement peut être amorcé n'importe quand pendant l'enfance, peut durer jusqu'à la fin de la croissance, mais son efficacité ne sera pas la même en fonction de son âge. L'idéal est donc [de commencer] vers 7-8 ans." Ce traitement consiste en des injections quotidiennes d'hormones de croissance via des "seringues stylos", comme celles utilisées pour les personnes diabétiques. Et Mélanie Amouyal de préciser que ces hormones sont synthétiques : exit donc les risques de maladie de Creutzfeldt-Jakob (MCJ), comme dans le scandale sanitaire qui avait fait 120 morts en France à partir des années 1980

Quant à savoir s'il peut y avoir d'autres effets négatifs, la spécialiste évoque la possible apparition de "maux de têtes, petites allergies et anomalies du taux de sucre dans le sang". Si elle ne nie pas que ce traitement "n'est pas anodin", elle tient à rassurer : "Globalement, les études sur les effets secondaires se contredisent, mais rien ne ressort de façon très évidente."

L'astuce pour estimer la taille de votre enfant à l'âge adulte

S'il est très difficile de déterminer la taille à l'âge adulte d'un enfant, Mélanie Amouyal livre tout de même au micro de Sans Rendez-vous un repère pour l'estimer. La formule est la suivante : taille des parents + 13 s'il s'agit d'un garçon, -13 dans le cas d'une fille, le tout divisé par deux. Pour une fillette mesurant un mètre, dont le père fait 1m75 et la mère 1m65, le calcul est donc le suivant. 175+165 = 340, 340-13 = 327, 327÷2 = 163.5. L'enfant devrait donc faire une fois adulte un peu plus d'1m63. Mais attention, ce n'est pas une science exacte, insiste la pédiatre. "C'est un repère, l'enfant est censé arriver à peu près à cette taille là."