Des prothèses Allergan pointées du doigt après des cas de lymphomes : "Nous avons recommandé à nos chirurgiens d'arrêter d'en poser"

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Romain David , modifié à
Invité de Matthieu Belliard sur Europe 1, Jacques Saboye, le président de la Société française de Chirurgie Plastique, Reconstructrice et Esthétique, invite les patientes porteuses des prothèses concernées à ne pas céder à la panique.

Huit ans après le scandale P.I.P, la sécurité des prothèses mammaires pose à nouveau question. Sur 500.000 femmes porteuses d'implants en France, 53 cas de lymphomes anaplasiques à grandes cellules ont été recensés depuis 2011, alerte l'Agence du médicament (ANSM) dans un communiqué publié jeudi. "Les travaux scientifiques ont permis de démontrer qu'il y avait une surexposition d'un type de prothèse particulier, à l'origine de 85% des lymphomes chez les patientes atteintes", précise au micro de Matthieu Belliard, sur Europe 1, le docteur Jacques Saboye, président de la Société française de chirurgie plastique, reconstructrice et esthétique. "Il s'agit des prothèses mammaires macro-texturées Biocell d'Allergan".

L'ancien leader du marché. 500.000 femmes portent des implants mammaires en France, or le laboratoire américain Allergan est l'un des plus représentés dans ce chiffre. "Pendant longtemps, Allergan a été l'un des leaders sur le marché, en particulier pour la reconstruction mammaire. C'est aussi peut-être pour cela qu'il a une surreprésentation", précise le chirurgien.

 

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"À partir du moment où, sur le plan scientifique, il nous semble évident que ce type d'implant est à l'origine [...] de 85% des lymphomes, nous avons recommandé à tous nos chirurgiens d'arrêter d'en poser", indique encore le praticien. "Ce n'est pas une interdiction, nous n'avons pas, nous scientifiques, un pouvoir de police". De son côté, l'ANSM recommande également aux professionnels de privilégier des implants à enveloppe lisse, tandis que la sûreté des prothèses concernées doit être réévaluée début 2019.

Une vigilance accrue. Pour autant, Jacques Saboye invite les patientes porteuses de ce type de prothèses macro-texturées Biocell d'Allergan à ne pas céder à l'inquiétude. "53 cas sur 500.000 cas, ça reste quand même un petit nombre", veut-il relativiser. "Nous allons poursuivre le suivi de toutes les patientes porteuses de prothèses mammaires, mais en étant plus vigilants sur les Biocell d'Allergan", conclut-il.