vaccination de rue Marseille 1:14
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Stéphane Burgatt, édité par Solène Leroux , modifié à
Quand la stratégie "d'aller vers" prend tout son sens. À Marseille, les équipes du dispositif Corhesan de l'hôpital européen, réalisent des opérations de vaccination de rue, sans rendez-vous, pour tenter de convaincre les réticents.

Un dispositif sommaire. Une tente, deux tables, quatre barrières installées stratégiquement, ce jour-là, juste à côté du marché de la Joliette. Avec ses équipes, la coordinatrice Anne Dutrey-Kaiser va à la rencontre des passants. Des tickets sont distribués à ceux qui se laissent convaincre. Mais il faut souvent redoubler d'arguments, comme cet homme, la cinquantaine qui redoute les effets secondaire du vaccin anti-Covid. Son ami se joint à la coordinatrice pour le convaincre : "C'est juste une petite douleur au point de piqure, tu prends un antidouleur et c'est bon. Tu dois le faire."

À court d'arguments, ce Marseillais se dit finalement "convaincu à 70%" : il prend son ticket de file d'attente et promet de revenir après avoir bu un café. Il ne reviendra finalement pas. À l'inverse, Maklouf, la quarantaine, s'est laissé convaincre : "On en a parlé, je pense que le vaccin est la solution à tout ça. Je suis aussi rassuré avec le recul quand je vois que les gens vaccinés n'ont rien."

Une vaccination sans rendez-vous pour toucher tout le monde

Dans la petite file d'attente, les personnes ont en majorité déjà reçu au moins une injection. Nul besoin de les convaincre. Ce qui leur est indispensable, avec ce dispositif mobile de l'unité Corhesan, c'est ce fonctionnement sans rendez-vous. "Tout est organisé, ça va vite puisque chacun a son numéro, puis ils vont voir l'infirmière et passent en zone de surveillance. Il y a des gens pour qui c'est compliqué de passer à l'hôpital ou à la pharmacie sur rendez-vous, donc ils profitent de l'occasion pour venir", observe Assadi, un des deux médiateurs de santé présents ce jour-là.

Un retard de vaccination à rattraper

Il faut dire que dans certains arrondissements marseillais, le retard de vaccination est sensible. Et c'est ce qui rend cette stratégie de contact direct indispensable pour Anne Dutrey Kaiser : "Il y a vraiment une sous-vaccination dans les quartiers très populaire comme le 3e ou le 15e arrondissement. Sur certaines tranches d'âge, on va voir un différentiel de 30% par rapport à la moyenne nationale. Il faut aller les chercher pour écouter leurs arguments et comprendre ce qui les freine."

Le dispositif multiplie les actions dans plusieurs secteurs de la ville, notamment en faisant du porte-à-porte ou encore en pratiquant des vaccinations à domicile auprès de personnes âgées à mobilité réduite.