Cannabis thérapeutique : faire partie des 3.000 patients "tests", "un rêve" pour Jérôme qui souffre depuis 13 ans

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Eve Roger, édité par Séverine Mermilliod

La France est-elle prête à soulager certains maux par le cannabis thérapeutique ? Les députés ont voté en octobre le début d’une période de test, à partir de septembre prochain et pour deux ans. 3.000 patients seront sélectionnés. Mais pour ceux qui souffrent, la mise en place de l'expérimentation est trop longue. 

L'Agence du médicament publie mardi des détails sur l'expérimentation du cannabis thérapeutique votée par les députés en octobre et qui devrait commencer en septembre prochain : formation des médecins, choix des produits, validation scientifique de l'expérimentation... Mais pour les malades qui souffrent de douleurs parfois insupportables et qui rentrent dans le cadre de l'expérimentation (douleurs chroniques, sclérose en plaques, effets secondaires de la chimiothérapie, soins palliatifs, certaines formes d'épilepsie...), la mise en place de ce test semble bien longue.

"La douleur au quotidien devient envahissante"

"Quand vous souffrez depuis de longues années, même à l’échelle de quelques mois, ça paraît long. C’est comme si on vous tend un gâteau et qu’on vous dit 'vous pourrez le manger dans trois semaines' : j’ai à peu près ce sentiment-là", déplore Jérôme. Cela fait treize ans qu'il souffre de douleurs insoutenables à cause d'une maladie rare de la moelle épinière. Il a essayé tous les traitements, en vain. "J’ai envie d’avoir une vie la plus normale possible. J'ai un petit garçon et la douleur au quotidien est quelque chose qui devient envahissant. Pouvoir la traiter par le biais du cannabis thérapeutique serait pour moi un rêve", confie-t-il.

Des patients désespérés qui souhaitent faire partie des "cobayes"

Un rêve partagé par des dizaines de milliers de malades en France qui aujourd'hui s'impatientent. Depuis l'annonce de l'expérimentation, le téléphone de Mado Gilanton, présidente de l'association "Apaiser" ne cesse de sonner avec, au bout du fil, des patients désespérés qui souhaitent faire partie des cobayes.

"Ce sont souvent des patients plutôt âgés, entre 50 et 90 ans, qui n’ont pas accès au cannabis par d’autres moyens; des personnes âgées qui ne veulent pas prendre du cannabis sans que leur médecin soit au courant, ce qui est sage, et aussi des personnes âgées qui me demandent où est-ce qu’ils peuvent aller le chercher à l’étranger", détaille Mado Gilanton. 

Les sélectionnés ne seront que 3.000, désignés entre juin et septembre prochain, et seulement parmi ceux qui ne sont pas soulagés par des médicaments qui existent déjà sur le marché.