Vous prenez des somnifères ? Attention à Alzheimer

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Mélanie Gomez et

L'utilisation à long terme de certains somnifères ou médicaments contre l'anxiété augmenterait le risque de développer cette maladie.

Xanax, Stilnox ou encore Lexomil… plus de 11 millions de Français consomment chaque année des anxiolytiques ou des somnifères. La France serait même championne en Europe en la matière. Ces médicaments comportent pourtant des effets secondaires, notamment chez les personnes âgées. Une étude, parue mercredi dans le British Medical Journal, et menée par des chercheurs de l'Université de Bordeaux et de l'Inserm, pointe en effet du doigt le risque d'apparition de la maladie d'Alzheimer.

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Comment a été réalisée l'étude ? Pendant six ans, les chercheurs franco-canadiens ont étudié 1.796 cas d'Alzheimer répertoriés dans un programme d'assurance médicale canadien. Ils les ont ensuite comparés à plus de 7.000 personnes en bonne santé, de même âge et de même sexe.

Quel est le constat ? Six études esquissaient déjà un lien entre la consommation de somnifères ou de tranquillisants et la maladie d'Alzheimer. Cette nouvelle étude confirme ces résultats : l'utilisation, pendant plus de trois mois, de médicaments de la famille des benzodiazépines est associée à une augmentation de 51% du risque de déclarer la maladie d'Alzheimer plus tard.

Et plus la consommation est longue, plus le risque est important. Il augmenterait ainsi de 70 à 80% pour une utilisation de plus de six mois. Un constat inquiétant, quand on sait que le traitement en France dure en moyenne quatre à cinq mois, au lieu des trois recommandés au maximum. Et c'est sans compter tous les patients qui en avalent tous les jours, pendant des années.

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"Je dois prendre ce médicament". C'est notamment le cas de Daniel, âgé de 45 ans, qui consomme un somnifère tous les soirs, depuis huit ans. Ce dernier se dit prêt à mettre sa santé en péril pour dormir. "Mon inquiétude aujourd'hui, c'est de pouvoir dormir. Ou j'en prends, alors je ne dors pas et je deviens fou. Ou je n'en prends, je dors et cela me permet d'avoir une vie sociale et professionnelle normale. Peu importe si je dois prendre ce médicament, ou un autre médicament, toute ma vie. Même si on peut imaginer qu'il y a des risques derrière. Si c'est plus tard, ce sera plus tard", réagit-il au micro d'Europe 1.

Si contrairement à Daniel, vous prenez ces médicaments depuis des années et que vous souhaitez les arrêter, il ne faut surtout pas entreprendre cette démarche seul et brutalement. En raison d'une forte dépendance à ces molécules, les symptômes liés à un arrêt brutal peuvent aller des simples tremblements jusqu'à des convulsions.

Comment réagit la France ? Plusieurs pays ont d'ores et déjà mis en garde contre l'utilisation des benzodiazépines, notamment chez les personnes âgées, en raison d'effets secondaires d'ordre cognitif. C'est le cas de la France, où l'agence du médicament ANSM critiquait en janvier dernier des durées de traitement encore souvent trop longues.

Pour limiter l'utilisation des somnifères de la famille des benzodiazépines, la Haute Autorité de santé (HAS) a donc préconisé en juillet dernier de réduire leur remboursement par la sécurité sociale, de 65% actuellement à 15% à l'avenir. Les chercheurs précisent, de leur côté, que ces médicaments restent utiles pour certains patients, à conditions de respecter les doses et surtout la durée d'utilisation.