Le sport, c'est aussi un médicament

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BONNE PRATIQUE - Le sport sur ordonnance a la cote en France et pourrait être généralisé par un amendement au projet de loi Santé, actuellement en débat à l'Assemblée nationale. 

Imaginez la scène. Vous vous rendez chez votre médecin pour votre diabète ou votre hypertension et celui-ci, au lieu de vous prescrire une longue liste de médicaments, écrit ces quelques mots : "une heure d'activité physique par semaine". C’est peut-être ce qui arrivera bientôt si l’amendement de Valérie Fourneyron au projet de loi Santé est adopté. L’ex-ministre des Sports souhaite "remplacer la longue liste de médicaments par de l’activité physique", comme elle l’a détaillé dans Le Parisien. La pratique, déjà expérimentée, rencontre un vrai succès. 

Comment ça marche ? Ce sont les médecins et uniquement les médecins qui seront prescripteurs. Muni de votre ordonnance, vous pourrez ensuite rejoindre une structure où des éducateurs vous aideront à pratiquer des exercices adaptés à votre maladie. 

Qui est concerné ? Le spectre des patients qui pourrait se voir appliquer ce "traitement" est assez large. Ainsi les diabétiques, ceux qui souffrent de maladies respiratoires ou d’obésité mais aussi ceux qui font de l’hypertension pour récupérer après les crises cardiaques pourraient être concernés. 

Quel financement ? Contrairement aux médicaments, ce n’est pas l’Assurance maladie qui prendra en charge ces structures mais les réseaux Sport, santé, bien-être, financés par les collectivités territoriales, les mutuelles ou les associations de patients. 

Les expériences en cours. Strasbourg est la première ville à avoir expérimenté dès 2012 le "sport santé sur ordonnance". Mais d’autres communes, plus petites, lui ont emboîté le pas. C’est le cas de Blagnac, en Haute-Garonne, qui s’est lancée en novembre 2013. Lucile Julienne, la responsable de l’animation sport de la ville, détaille à Europe 1 : "le programme dure un an et concerne toutes les personnes atteintes de pathologies chroniques. 43 personnes en auront bénéficié d’ici mai prochain. Concrètement, deux séances d’une heure par semaine par petits groupes de cinq sont prévues". Ce sont des éducateurs sportifs payés par la mairie qui prennent en charge le programme. François Lafon, le médecin à l’origine du projet, renchérit : "il s’agit de remettre le pied à l’étrier à des personnes qui ne faisaient plus de sport. Le niveau d’exercice est déterminé par le médecin. Nous privilégions l’endurance modérée comme l’aquagym, le vélo et la marche". 

"Je m’étonne moi-même". A Blagnac, le bilan, après plus d’un an de pratique, est particulièrement positif. François Lafon confie avoir observé "une amélioration de la condition physique des gens tout comme sur le plan de la qualité de la vie. Ils retrouvent le plaisir de faire de l’exercice et le bénéfice social est aussi très important". Ce n’est pas Geneviève Authier Wetzel qui dira le contraire. A 80 ans, cette retraitée de Blagnac qui vit seule, explique à Europe 1 qu’"elle se sentait repliée sur elle-même" avant de reprendre une activité physique. Atteinte d’une double fracture à la cheville, les débuts n’ont pas été simples : "c’était très difficile de s’y remettre, de refaire des mouvements". Celle qui ne sortait quasiment plus "mesure désormais les progrès accomplis". Geneviève remarche désormais, "s’étonne elle-même" et rencontre du monde. 

Des économies pour la Sécu ? Le sport à la place des médicaments permettra-t-il de combler le déficit de la Sécurité sociale ? Impossible de le chiffrer. Le docteur Lafon insiste sur le fait que "ce n’est pas forcément le but de diminuer les prescriptions", même s’il reconnaît que la pratique sportive peut conduire à "alléger certains traitements comme pour l’hypertension ou le diabète". Le docteur Belaid à Chateau Thierry est néanmoins plus précis au micro d’Europe 1 : "un diabétique de 65 ans, simplement sur l’achat de médicaments, ça représente 1.400 euros d’économie par an chez un patient. Donc sur plan médico-économique, ça a une incidence qui doit être prise en compte". Il y en a, en tout cas, une qui a bien remarqué que sa trousse de médicaments diminuait avec le sport, c’est Geneviève. 

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