Hépatite C : le médicament hors de prix qui choque les députés

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Damien Brunon, Géraldine Ruiz et Jean-François Lemoine , modifié à
SANTE - Le Sovaldi pourrait permettre de soigner les malades de l’hépatite C en France, mais il est vendu 280 fois son prix de production.

L’INFO. C'est un traitement révolutionnaire, mais il coûte cher. Le Sovaldi est un médicament dont le but est de lutter contre l'hépatite C, responsable de 3.000 morts par an en France, soit presque autant que les accidents de la route. Le problème, c'est que sont prix est exorbitant Il est en effet facturé 280 fois plus cher que que coûte sa production par le laboratoire américain Gilead. Du coup, pour la première fois, des députés français ont décidé de demander un rendez-vous au président du groupe pharmaceutique pour qu'il revoie à la baisse le tarif de ce médicament extrêmement efficace.

235.000 malades en France. Officiellement, le virus de l’hépatite C touche 235.000 personnes en France. Parmi eux, 20% des cas ont évolué vers la cirrhose ou le cancer du foie. Le Sovaldi permet de guérir près de 90% des malades. Ce sont des comprimés bien tolérés avec une durée de traitement courte, d’un maximum de douze semaines.

Mais cette révolution thérapeutique a un prix : 666 euros le comprimé, soit 280 fois le prix de revient, selon Catherine Lemorton, la présidente de la commission des affaires sociales à l’Assemblée nationale. “C’est scandaleux. On a affaire à des malades, pas à des produits pour nettoyer les rues. A mon avis, ils abusent un petit peu”, s’emporte au micro d’Europe 1 la socialiste qui, avec cinq de ses collègues, vient d’adresser un courrier à Michel Joli, le patron du laboratoire américain.

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Résister au “chantage”. “L’Etat ne doit pas être pris dans un chantage, il faut qu’il résiste. Pour un Etat, c’est toujours compliqué de dire qu’on ne pourra pas soigner tout le monde ou que tant que c’est trop cher, on ne l’accepte pas. Comme j’ai envie que les gens soient bien soignés et tous comme ils le doivent, je crois qu’il faudra baisser le prix”, poursuit la présidente de la commission des affaires sociales à l’Assemblée Nationale.

Sur l’hypothèse où on ne soignerait que les malades les plus urgents, la facture serait de 4,8 milliards d’euros. A titre de comparaison, c’est l’équivalent des deux tiers du budget annuel des hôpitaux parisiens.

Rembourser l’investissement. Mais si le prix est aussi élevé, c’est notamment à cause de l’investissement qu’a dû consentir Gilead pour produire ce médicament. Fin 2011, l’entreprise américaine a racheté pour huit milliards d’euros la société Pharmasset qui venait de mettre au point le traitement prometteur, rappelle Le Parisien.

L’entreprise souhaite donc voir le retour sur investissement prendre forme le plus rapidement possible. Il faut néanmoins préciser que selon Gérard Bapt, député socialiste investi sur le dossier et fin connaisseur des questions de santé, Gilead a déjà réalisé 1,1 milliard d’euros de chiffre d’affaires avec le Sovaldi en trois mois. La firme n’aura donc très certainement aucune difficulté à rembourser son investissement même si elle baisse le prix du médicament.

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