Bientôt des "salles de shoot" ?

© MAXPPP
  • Copié
avec Walid Berrissoul , modifié à
Roselyne Bachelot a annoncé une concertation sur les salles d’injection de drogue.

C’est une vieille revendication des associations qui viennent en aide aux toxicomanes et aux victimes du sida. L’ouverture de "salles de shoot" ferait-elle petit à petit son chemin en France ? La ministre de la Santé Roselyne Bachelot a annoncé "une concertation avec tous les partenaires concernés et notamment les collectivités locales", lors de la conférence internationale sur le sida à Vienne.

Les "centres de consommation supervisées", "salles d’injection", "salles de shoot" ou "drogatoriums" pour leurs détracteurs, sont des lieux où les toxicomanes peuvent s'injecter de l’héroïne ou prendre du crack dans de bonnes conditions d'hygiène et sous supervision de personnel de santé. L'objectif est de limiter les risques, et de conduire les toxicomanes vers le sevrage. Il en existe dans huit pays européens, dont la Suisse où ils ont vu le jour il y a dix ans.

Depuis 1987, la vente libre des seringues, les programmes d'échanges ou encore les traitements de substitution ont réussi à faire baisser de façon spectaculaire les contaminations par le VIH chez les usagers de drogue. Mais cette politique de réduction des risques commence à montrer des signes de faiblesse.

Le gouvernement contre

L'Inserm a rendu début juillet un avis favorable, sous certaines conditions à l’ouverture de "salles de shoot". Mais la position du gouvernement, c'est celle de la mission interministérielle de lutte contre la toxicomanie (MILDT) directement liée à Matignon. "La réflexion doit se poursuivre, elle mérite d'exister. Mais néanmoins, pour l'instant, la politique du gouvernement est plutôt de lutter contre la dépendance, plutôt que d'accompagner les usages", explique le président de la MILDT, Etienne Apaire.

Cette fermeté ne décourage pas les associations qui réclament depuis longtemps des "salles de shoot". "On reste optimistes, on a vraiment l'impression que Mme Bachelot est freinée par tout le gouvernement. Mais on sent que d'ici la fin de l'année, ça pourra aboutir", estime Pierre Chappard, co-président d'Act-Up.

Roselyne Bachelot doit notamment discuter avec les villes de Paris et de Marseille. Mais hors-micro, à la MILDT, on estime que cette "concertation" de la ministre va durer encore très longtemps...