Qui sont Yannick Jadot et Michèle Rivasi, les deux finalistes de la primaire EELV

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Michèle Rivasi et Yannick Jadot sont tous les deux entrés chez les Verts par le terrain du militantisme. © JOEL SAGET / AFP
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Romain David , modifié à
Les finalistes de la primaire écolo débattront mardi à 19 heures sur Europe 1. Deux semaines après le premier tour, il est encore difficile de différencier les tombeurs de Cécile Duflot.

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Lorsqu’on lui demande ce qui distingue Yannick Jadot de Michèle Rivasi, les deux candidats encore en lice pour la primaire écologiste, le doute s’installe dans la voix de David Cormand. Le patron des Verts hésite, préfère parler des points communs : "Ce serait prendre le risque de verser dans la caricature", lâche-t-il. Sortie du nucléaire, un Parlement élu à la proportionnelle, mise en place d’un revenu de base, légalisation du cannabis… difficile, en effet, de différencier les finalistes sur le fond. Sur la forme, les similitudes sont encore là ; tous deux sont passés par Greenpeace, tous deux sont entrés chez les Verts par le terrain du militantisme, tous deux sont peu connus du grand public, et tous deux ont fait chuter Cécile Duflot.

Un débat pour faire la différence. Yannick Jadot et Michèle Rivasi, arrivés en tête du premier tour avec respectivement 35,61% et 30,16% des suffrages, débattront sur Europe 1 ce mardi à 19 heures, avant le vote du 7 novembre. L’occasion pour eux de marquer leur territoire et, après un premier face à face vendredi sur BFM TV, de continuer à se réapproprier une campagne électorale largement marquée par la défaite surprise de l’ex-ministre du Logement.

Yannick Jadot, le "pragmatique". À 48 ans, il était jusqu’alors le principal opposant de Cécile Duflot. Yannick Jadot, issu des milieux associatifs et ancien directeur de campagne de Greenpeace, a souvent dénoncé ces derniers mois les manœuvres politiciennes qui ont, selon lui, privé EELV de sa crédibilité aux yeux des électeurs. Une manière pour le candidat de reprocher à la députée de Paris son passage au gouvernement. "Ces dernières années, il y a eu probablement un peu de tactique et pas assez d’écologie", a-t-il estimé jeudi auprès de LCI.

Proche de Daniel Cohn-Bendit, Yannick Jadot rejoint Europe-Ecologie en 2008, et devient eurodéputé l’année suivante. Interrogé par Europe 1.fr, l’ancien leader de mai 1968 rappelle que le nouveau favori de cette primaire fut l’un des artisans du Grenelle de l’environnement : "Yannick, c’est une écologie radicale, mais qui sait faire des compromis, qui sait être pragmatique".

Pragmatique, et lucide ? "Je ne crois pas qu’il y aura de président écologiste en 2017", a lâché Yannick Jadot début octobre, durant le débat du premier tour. Une petite phrase qui sonnait moins comme un aveu d’impuissance que comme un tacle aux ambitions de Cécile Duflot. "Les écologistes n’aiment pas l’élection présidentielle, puisqu’ils sont contre le régime présidentielle. Si on y va, c’est d’abord pour faire passer nos idées", tempère David Cormand. Depuis, le candidat qui n’y croit pas a reçu le soutien de Karima Delli, arrivée en quatrième position de la primaire (9,82%).

Michèle Rivasi, "la militante chimiquement pure". Si son visage est bien connu des militants, il l’est beaucoup moins des Français. Moins médiatique que Yannick Jadot, Michèle Rivasi, 63 ans, est la surprise de cette élection. "Ce qui m’a sauvé, c’est le vote des militants, pas la firme", a-t-elle déclaré au Monde début octobre. Cette "militante chimiquement pure", selon la formule de David Cormand, s’est d’abord engagée sur le terrain de l’opposition au nucléaire. Après la catastrophe de Tchernobyl, elle dénonce le discours des responsables politiques de l’époque quant aux risques et cofonde la Commission de recherche et d’information indépendantes sur la radioactivité. D’abord conseillère municipale, puis adjointe au maire de Valence et députée de la Drôme de 1997 à 2002, elle est membre du Parti socialiste de 2002 à 2003 avant un passage éclair à la tête de la branche française de Greenpeace où elle croise… un certain Yannick Jadot. "Il était mon salarié, mais il fallait un peu le rappeler à l’ordre, il jouait les mâles dominants", lâche-t-elle encore dans les colonnes du journal du soir. Ayant rejoint les Verts en 2005, elle est élue au Parlement européen en 2009.

"Michèle, c’est le cœur, le noyau dur des Verts avec les deux préoccupations principales que sont le nucléaire et la santé. Elle a gagné ses galons de militante, et c’est ce qui fait sa force pour les adhérents", commente Daniel Cohn-Bendit. "Les gens ont besoin de quelqu’un qui a envie de gagner, l’histoire n’est pas encore écrite. Je peux encore créer la surprise !", a assuré Michèle Rivasi, jeudi à LCI. Et pour l’y aider, plusieurs  proches de Cécile Duflot, qui n’a pas donné de consigne de vote après sa défaite, ont appelé à la soutenir révélait jeudi Le Parisien.

 

La "règle terrible" des Verts. Si Yannick Jadot, plus connu que sa rivale, dispose à l’issue du premier tour d’une confortable avance, rien n’est encore joué, avertit Bruno Cautrès, chercheur au CNRS et au Centre de recherches politiques de Sciences Po. "Il y a cette règle terrible chez les écologistes : plus quelqu’un est populaire, plus il est détesté dans son parti", affirme à Europe1.fr le politologue qui en veut pour preuve l’élimination de Noël Mamère face à Alain Lipietz en 2001, puis celle de Nicolas Hulot face à Eva Joly en 2011. "Il y une tension au sein des écologistes sur ce qu’est la défense de l’écologie et de l’environnement : s’agit-il d’un projet en soi ou faut-il nécessairement l’articuler à un projet social ?", développe le politologue, qui relève "un décalage entre le discours sur la protection de l’environnement, attendu et apprécié par l’opinion, et ce dont souhaitent plutôt parler les Verts, comme le social ou l’Europe". Une analyse qui amène Bruno Cautrès à pencher pour une victoire de Michèle Rivasi : "Si Yannick Jadot est le plus connu dans les médias, je pense que l’appareil Verts va choisir Michèle Rivasi qui incarne cette écologie politique, alors que Jadot égrène un discours écologique à la Nicolas Hulot." "Les écolos ne choisissent pas un président", rappelle de son côté David Cormand. "Encore une fois, ils veulent d’abord quelqu’un pour faire exister leurs idées. La question qu’ils se posent c’est : qui me ressemble le mieux ?".