Une campagne présidentielle marquée par l'euroscepticisme

© OZAN KOSE / AFP
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Antonin André
À droite comme à gauche, les candidats officiels ou officieux à la présidentielle tapent allègrement sur l'Union européenne. Et finissent par valider l'idée d'un référendum sur le "Frexit" défendue par le Front national.

"Bidon." C'est ainsi que François Fillon, candidat à la primaire de la droite, a qualifié la promesse de François Hollande de ramener le déficit français sous la barre des 3% du PIB l'an prochain. Bidon, également, l'engagement européen des candidats à la présidentielle. De fait, la campagne pour 2017, plus que les précédentes, est marquée par un regain d'euroscepticisme qui gagne toute la classe politique, même les défenseurs traditionnels de l'Union européenne.

Les "ayatollah zélés" de Bruxelles. À écouter les candidats à la primaire de la droite, ces fameux 3% de déficit à respecter coûte que coûte sont la cause de toutes les difficultés économiques du pays. Résultat : ils annoncent tous qu'ils ne respecteront pas cet objectif. À gauche, le discours n'est guère différent. François Hollande avait promis de gommer toute trace du déficit en 2017, ce qu'il ne fera évidemment pas. Des écologistes à Arnaud Montebourg, tout le monde tape sur les technocrates de Bruxelles, ces "ayatollah zélés", selon Jean-François Copé. Quant à l'argument de l'Europe passoire, qui serait la première responsable de la crise des migrants, il revient à intervalles réguliers.

Tout le monde veut son référendum. À ce rythme, ceux qui défendaient historiquement la construction européenne finissent par rejoindre Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon, qui prônent un référendum sur la sortie de la France de l'Union. En fustigeant quotidiennement et unanimement l'Europe, les candidats crédibilisent le "Frexit" que promet la présidente du Front national. Certains, sans l'assumer totalement, proposent d'ailleurs aussi un référendum sur plus ou moins d'Europe. C'est le cas par exemple de Bruno Le Maire ou François Bayrou

Vers la déconstruction européenne. Le souvenir de 2005 semble loin. À l'époque, le "non" au référendum sur la Constitution européenne avait conduit à conclure au divorce entre le peuple eurosceptique et les élites euro-béates. Aujourd'hui, ce sont ces mêmes élites qui ne cherchent plus à convaincre le peuple des bienfaits d'une Europe qui protège et rend plus fort. Bien au contraire, elles se contentent de faire écho à sa colère. Quitte à ouvrir un nouveau chapitre : celui de la déconstruction européenne.