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Antoine Terrel , modifié à
Invité jeudi d'Europe 1, l'ancien président de la BCE Jean-Claude Trichet a donné raison à Christine Lagarde, qui a réclamé plus d'investissements de la part des pays en excédent budgétaire. 
INTERVIEW

Avant même son entrée en fonction, Christine Lagarde a lancé un avertissement à l'Allemagne. Mercredi, l'ancienne patronne du FMI, qui doit prendre la tête de la Banque centrale européenne vendredi, a estimé que les pays en excédent budgétaire, dont l'Allemagne, "n'ont pas vraiment fait les efforts nécessaires" en matière de relance budgétaire pour consolider une croissance fragile. Invité jeudi d'Europe 1, Jean-Claude Trichet, ancien président de l'institution, entre 2003 et 2011, estime qu'elle "a eu raison de dire cela".

"La Banque centrale européenne ne peut pas être la seule à agir", a-t-il expliqué au micro de David Doukhan. Elle "ne peut pas tout faire elle-même et ne peut pas être la seule à agir et à porter le poids d'une situation très difficile". "On ne pas laisser la BCE seule", ajoute Jean-Claude Trichet, pour qui il faut que "les politiques budgétaires, là où il y a des marges de manœuvre, puissent se mobiliser". Les Pays-Bas, par exemple, "ont pris des décisions importantes", note-t-il. "L'Allemagne doit les prendre, et elle est en train de réfléchir." 

"Ceux qui ont des marges de manœuvre doivent les mobiliser"

"Il ne faut accuser personne", précise toutefois l'ancien président de la BCE, rappelant que l'Allemagne "a joué le rôle d'une locomotive économique pour l'ensemble de l'Europe". "On ne peut pas dire que l'Allemagne n'a pas joué collectif", estime-t-il. 

"Ceux qui ont des marges de manœuvre doivent les mobiliser", martèle-t-il, appelant également à "des réformes structurelles dans tous les pays sans aucune exception", car, explique-t-il, "si on avait une croissance potentielle plus élevée, on allégerait le fardeau de la BCE, on aurait une croissance supérieure et on créerait plus d'emplois". 

"On a encore un chômage de masse dans quelques pays membres de la zone euro", déplore enfin celui qui fut aussi gouverneur de la Banque de France. "Il y a encore beaucoup de progrès à faire dans ce domaine."