Taubira : "ne céder aucune victoire", même "symbolique", aux terroristes

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Après avoir dressé le bilan à la tête de son ministère, l’ex-garde des Sceaux a invoqué un "désaccord politique majeur" avec le couple exécutif pour expliquer son départ.

Lors de sa première prise de parole publique depuis l’annonce de sa démission, Christiane Taubira s’est bien gardée de critiquer ouvertement François Hollande ou Manuel Valls. L’ancienne ministre de la Justice a même rendu hommage au couple exécutif. Pour autant, elle n’a pas caché l’existence d’un désaccord politique majeur, comprendre la déchéance de nationalité bientôt inscrite dans la Constitution, et les explications qu’elle a fournies ont pu faire grincer les dents du président de la République et du Premier ministre.

"Aucune victoire, ni politique, ni symbolique". Pendant plusieurs minutes, et sans jamais la nommer, Christiane Taubira s’est employée à démontrer que la déchéance de nationalité est inutile. "Le péril terroriste qui nous menace est grave, imprévisible. Mais nous avons appris à le traquer et nous nous en sommes donné les moyens. Nous savons comment le combattre. Et nous avons montré que nous sommes bien déterminés à l’abattre. Et je crois que nous ne devons lui concéder aucune victoire, ni militaire, ni diplomatique, ni politique, ni symbolique", a-t-elle lâché. Ce dernier mot résonne particulièrement, puisque Manuel Valls a admis, à plusieurs reprises, qu’inscrire la déchéance de nationalité dans la Constitution relevait bel et bien du symbole.

"Des fondations assez solides". Et l’ex-garde des Sceaux d’insister : "et parce que ce pays regorge de force, d’énergie, de volonté, d’imagination, il peut entendre que son destin collectif repose sur des fondations solide, et que parmi ces fondations, il y a la construction de son identité républicaine, de son identité civique", a lancé Christiane Taubira. "Et que ces fondations sont assez robustes, assez profondes pour résister au temps, aux accidents et aux tragédies". L’ancienne ministre dit là son opposition à la réforme constitutionnelle, dans son entier, voulue par François Hollande.

"Un immense honneur". Pour autant, Christiane Taubira a débuté son intervention par un hommage au chef de l’Etat. "Ce fut pour moi un immense honneur d’être garde des Sceaux et ministre de la Justice de la France. Et en particulier sous l’autorité de ce président de la République et sous la responsabilité du Premier ministre Jean-Marc Ayrault, pendant deux années, et pendant deux ans du Premier ministre Manuel Valls", a-t-elle affirmé. Puis, fidèle à son style, elle a conclu son allocution par une référence au poète Aimé Césaire : "nous ne livrerons pas le monde aux assassins d’aube."