"Si les Français veulent du renouvellement, ils n'ont qu'à voter pour ceux qui l'incarnent"

© STEPHANE DE SAKUTIN / AFP
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J.D
Selon un sondage publié dans le Parisien samedi, une écrasante majorité des Français juge que la classe politique manque de renouvellement. Interrogé sur Europe 1, l'éditorialiste Olivier Duhamel analyse ce constat. 
INTERVIEW

Il n'y a pas assez de renouvellement en politique. C'est le constat de 88% des Français dans un sondage publié samedi dans Le Parisien. Pire, près de trois personnes sur quatre (74%) rejettent Nicolas Sarkozy et François Hollande comme candidats à la présidentielle de 2017. Interrogé sur Europe 1, l'éditorialiste politique Olivier Duhamel rappelle que ce phénomène n'est pas nouveau, tout en soulignant que les Français sont souvent "contradictoires".

Une classe politique française figée. Le politologue et constitutionnaliste explique que le manque de renouvellement de la classe politique existe depuis longtemps : "La classe politique française est beaucoup plus figée, beaucoup plus recroquevillée sur elle-même", affirme-t-il, citant l'exemple des Etat-Unis où, quand un président perd le pouvoir, il est hors de question qu’il puisse se représenter. "Il y a que en France où ce n’est pas grave : 'j’ai perdu mais je pourrais regagner la prochaine fois'".

Le sondage plébiscite le maire Les Républicains de Bordeaux, Alain Juppé, et le ministre de l'Economie, Emmanuel Macron. Pour l'éditorialiste, cela montre que cette volonté de renouvellement est "subtile" : "Ils ne veulent pas que Hollande soit candidat, ils ne veulent pas non plus de Sarkozy, mais Juppé ça leur va très bien. C’est parce que Juppé a une virginité présidentielle". Au contraire, Emmanuel Macron bénéficie de son coté de son jeune âge (38 ans) et de sa courte carrière en politique.

"Les Français sont contradictoires". Comment donc débloquer cette classe politique ? Pour Olivier Duhamel, un des outils principaux est la primaire, en particulier celle de la droite et du centre cette année : "Vous avez une primaire qui va avoir lieu en novembre. Si les Français, de droite, du centre et même au-delà, veulent du renouvellement, ils n’ont qu’à aller voter pour ceux qui l’incarnent". Mais l'éditorialiste craint que cela ne marche pas : "Je crains que dans notre vieux pays monarchique, le désir démocratique qu’incarne ce sondage soit contredit par une espèce de vieil attachement à la monarchie". Avant de conclure, une nouvelle fois, que "les Français sont eux aussi contradictoires".

Une analyse partagée samedi sur Europe 1 par le sénateur Les Républicains des Hauts-de-Seine, Roger Karoutchi. S'il a affirmé "comprendre la volonté de renouveau politique en France", il a aussi rappelé qu'à la présidentielle de 1995, les sondages prédisaient que seulement "10 à 15% des Français" voulaient de Jacques Chirac comme candidat. On connait la suite...


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