Rwanda : Emmanuel Macron annonce le renforcement des moyens judiciaires

Emmanuel Macron a annoncé la création d'un comité d'historiens.
Emmanuel Macron a annoncé la création d'un comité d'historiens. © LOIC VENANCE / AFP
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avec AFP , modifié à
Le président de la République a également annoncé la création d'un comité d'historiens pour faire la lumière sur le rôle joué par les autorités françaises durant la période du génocide.

Emmanuel Macron a annoncé vendredi deux gestes pour tenter d'apurer le rôle de la France durant le génocide rwandais de 1994, avec l'ouverture à des historiens de toutes les archives et un renforcement des moyens pour poursuivre les génocidaires présumés en France. A la veille des cérémonies dimanche pour le 25ème anniversaire du génocide au Rwanda, où il ne sera pas présent, il a reçu vendredi à l'Elysée des représentants de l'association Ibuka France, dédiée au "soutien aux rescapés" et à la "mémoire" de cette tragédie. 

Ouverture des archives

A cette occasion, il a annoncé à l'issue de la rencontre "la mise en place d'une commission d'historiens et de chercheurs chargé de mener un travail de fond centré sur l'étude de toutes les archives françaises concernant le Rwanda entre 1990 et 1994", selon un communiqué de l'Elysée. "Cette commission, qui rassemblera huit chercheurs et historiens, sous l'égide du professeur Vincent Duclert, aura pour mission de consulter l'ensemble des fonds d'archives français relatifs au génocide, sur la période 1990-1994 afin d'analyser le rôle et l'engagement de la France durant cette période et de contribuer à une meilleure compréhension et connaissance du génocide des Tutsi", selon le palais présidentiel. 

Le travail de la commission "aura notamment vocation à aider à constituer la matière historique nécessaire à l'enseignement de ce génocide en France. Cette commission devra remettre son rapport dans un délai de deux ans, avec une note intermédiaire au bout d'un an". La création de cette commission correspond à un engagement pris par Emmanuel Macron à l'issue d'une rencontre avec le président rwandais Paul Kagame en mai 2018.

Renforcement des moyens judiciaires

Les zones d'ombres sur le rôle de Paris avant, pendant et après ce génocide - qui fit selon l'ONU au moins 800.000 morts d'avril à juillet 1994, essentiellement au sein de la minorité tutsi - restent une source récurrente de polémique en France. Parmi les points les plus disputés figurent l'ampleur de l'assistance militaire apportée par la France au régime du président rwandais hutu Juvénal Habyarimana de 1990 à 1994 et les circonstances de l'attentat qui lui coûta la vie le 6 avril 1994, élément déclencheur du génocide.

Par ailleurs, le président français a annoncé un renforcement des moyens judiciaires et policiers pour poursuivre d'éventuels participants au génocide qui se trouveraient en France. "Le Président de la République a également annoncé le renforcement des moyens du pôle du Tribunal de Grande Instance chargé du traitement des procédures relatives au génocide des Tutsi au Rwanda et l'augmentation des effectifs de police judiciaire, afin que les génocidaires présumés faisant l'objet de poursuites puissent être jugés dans un délai raisonnable", selon le communiqué. "Par la mise en oeuvre de ces engagements, le Président de la République a souhaité réunir les conditions pour l'expression d'une vérité historique et consacrer la place du génocide des Tutsi dans la mémoire collective française", affirme l'Elysée. 

 

"Il y a besoin de faire ce travail de vérité", estime Hervé Berville

Invité vendredi midi au micro de Raphaëlle Duchemin sur Europe 1, Hervé Berville, député LREM des Côtes d'Armor, membre de la Commission des Affaires étrangères à l'Assemblée nationale et représentant de la France lors des commémorations au Rwanda, a salué les deux gestes du président. "C'était une demande de la part des associations, des rescapés. Il y a besoin de faire ce travail de vérité, de comprendre les mécanismes qui ont amené à ce génocide", a-t-il expliqué.

"C'est également utile pour faire un travail de mémoire, faire en sorte que nos concitoyens, notamment les jeune générations, comprennent comment à partir des années 1960 une mécanique implacable s'est mise en oeuvre et a abouti au génocide des Tutsi et à des centaines de milliers de morts", a-t-il ajouté.