L'Union européenne devra-t-elle se mettre 2:18
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Laura Laplaud , modifié à
En présentant la réforme des retraites, l'exécutif apporte une réponse à la problématique de l'allongement de durée de vie mais ne prend pas en compte la baisse des naissances. Faudra-t-il "faire venir 50 millions d'immigrés pour équilibrer la population active en 2050" comme l'affirmait Jean-Paul Delevoye en 2019 ?

La réforme des retraites va-t-elle remettre notre système à flot comme le laisse entendre le gouvernement ? En proposant de reculer l'âge légal de départ de 62 à 64 ans, la Première ministre Élisabeth Borne prend en compte l'allongement de la durée de vie des Français mais oublie un point : la faible natalité. Comment combler ce déficit démographique à venir ? Comme l'avait dit Jean-Paul Delevoye, "faut-il faire venir 50 millions d'immigrés pour compenser en 2050", s'est interrogé Bruno Retailleau, président du groupe Les Républicains au Sénat, invité d'Europe Matin ce mardi.

Une migration de "remplacement" comme solution

L'ancien Haut-commissaire à la réforme des retraites Jean-Paul Delevoye avait évoqué ce chiffre lors d’un déplacement à Créteil en 2019. "Je suis très frappé par la réaction des peuples européens, puisque la démographie européenne et son vieillissement font que si on veut garder le même nombre d’actifs dans la machine économique (…), il faudra 50 millions de populations entre guillemets étrangère pour équilibrer la population active en 2050, en Europe", avait-il déclaré.

Un document datant de 2000

Est-ce vrai ? Est-ce faux ? Sur quel document se basait-il ? Jean-Paul Delevoye aurait dégoté ce chiffre dans un rapport de l'ONU datant de 2000, intitulé "Les migrations de remplacement : s’agit-il d’une solution au déclin et au vieillissement des populations?". Dans cette étude, six scénarios sont envisagés de 2000 à 2050 en se basant sur huit pays et zones géographiques dont la France et l'Union européenne. Si l'on se base sur le scénario III établit par le rapport, qui prévoit et présume une migration nécessaire pour assurer le maintien de la population totale au niveau le plus élevé possible à défaut d'une migration après 1995, le nombre de migrants nécessaires au maintien du niveau de la population totale s'élèverait à 47,4 millions.

En arrondissant, Jean-Paul Delevoye a donc vu juste, à une précision. Le scénario III envisage une compensation pour la population totale de l'Union européenne et pas uniquement pour la population active, à l'inverse du scénario IV qui indique lui le nombre de 79.605 millions d'immigrés dans l'Union européenne pour équilibrer la population active d'ici à 2050.

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Mais si l'Union européenne souhaitait maintenir son ratio de 1995, il lui faudrait accueillir 701 millions de migrants. Quoi qu'il en soit, en s'appuyant sur ce texte, Jean-Paul Delevoye a négligé deux détails : la date de projection, 1995, et l'agrandissement de l'Union européenne de 15 États membres à 27 aujourd'hui. L'arrivée de millions d'immigrés est-elle une solution pour palier les risques liés au vieillissement de la population ? Le texte semble valider cette idée : "Le déclin et le vieillissement de la population auront des effets profonds […] obligeant les gouvernements à réévaluer de nombreux problèmes économiques, sociaux et politiques y compris ceux relatifs aux migrations internationales."