Régionales : Le Pen se lance dans le Nord, panique à gauche

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© PHILIPPE HUGUEN / AFP
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Lionel Gougelot et Louis Hausalter , modifié à
Divisés et en proie au doute, les élus socialistes du Nord-Pas-de-Calais-Picardie s'inquiètent face à la puissance du Front national dans leur région.

Un vent de panique. Le mot n'est pas trop fort pour qualifier le sentiment agitant la gauche nordiste, qui s'apprête à affronter Marine Le Pen aux élections régionales. La présidente du Front national l'a confirmé mardi sur iTELE : elle sera tête de liste dans la nouvelle grande région Nord-Pas-de-Calais-Picardie au scrutin de décembre.

Un "concert de casseroles". A gauche, certains veulent immédiatement prendre les devants, même symboliquement. Bruno Lajara, conseiller municipal de gauche à Arras, a ainsi lancé un appel sur les réseaux sociaux pour organiser mardi matin un "concert de casseroles" à l'occasion d'une conférence de presse de Marine Le Pen à Arras. Il enrage déjà de voir la présidente du FN tirer toute la lumière lors de la future campagne. "Ça va être une catastrophe, parce que cette campagne va être nationalisée autour de la personnalité de Marine Le Pen", s'agace-t-il au micro d'Europe 1. "Il ne faut pas qu'on soit stigmatisés comme les électeurs du Front national. Il y a une résistance, il faut qu'on le dise".

Lundi, un sondage OpinionWay pour Le Figaro et LCI donnait Marine Le Pen en tête au premier tour, avec 37% des voix. En face, Xavier Bertrand, candidat Les Républicains, obtiendrait 32% des suffrages. La liste socialiste ne serait que troisième (31%). "Surprenant, sidérant et affligeant", commente Robert, un électeur du PS, croisé par Europe 1 dans un quartier populaire de Lille. Il faut dire que la réalité est cruelle : les élus socialistes qui dirigent la région depuis 40 ans se retrouvent aujourd'hui relégués au rang d'outsiders.

Tensions au sein du PS nordiste. La campagne sera d'autant plus dure que la gauche part divisée. Beaucoup s'inquiètent que la tête de liste du PS, Pierre de Saintignon, premier adjoint de Martine Aubry à la mairie de Lille, soit inconnu du grand public. "On court à la catastrophe", s'alarment certains élus socialistes en privé. L'ambiance est d'autant plus tendue que les troupes de Martine Aubry ont perdu le contrôle de la fédération PS du Nord, battues par un candidat poussé par les rivaux locaux de la maire de Lille.

Face à cette situation, Jean-Christophe Cambadélis a dégainé mardi un communiqué aux accents solennels. "Il serait incompréhensible, au regard de la possible victoire de Marine Le Pen, que la gauche soit désunie dans le Nord – Pas-de-Calais – Picardie", écrit le premier secrétaire du PS, appelant à "sauver la région du déshonneur et de la crise".

"On a besoin de tout le monde". Antoine Détourné, conseiller municipal à Arras, tente lui aussi d'appeler les ténors régionaux à l'unité. "On a besoin de tout le monde, de Frédéric Cuvillier, de Martine Aubry, de Patrick Kanner", exhorte-t-il au micro d'Europe 1. "On sait que l'extrême droite a fait de cette élection un enjeu pour la conquête du pouvoir présidentiel. Il est trop tard pour avoir peur. Maintenant, il faut y aller".