Réfugiés : à droite, c'est le grand écart

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C'EST FLOU - Entre les maires favorables à l'accueil des réfugiés et ceux qui les refusent dans leurs villes, Les Républicains n'ont pas de ligne commune.

Alors que les premiers réfugiés venus d'Allemagne sont arrivés en France mercredi, difficile de déceler une position commune sur le sujet chez Les Républicains. Le Parti socialiste a appelé à la mise en place d'un réseau de "villes solidaires". A l'inverse, le Front national a fermé la porte à l'accueil de réfugiés par les municipalités frontistes. A droite, où les ténors oscillent entre solidarité et fermeté, l'éventail des positions est très large.

Ceux qui sont prêts à accueillir. Fidèle à sa ligne modérée, Alain Juppé a jugé "acceptable" le chiffre de 24.000 réfugiés supplémentaires en France, annoncé lundi par François Hollande. Il d'ailleurs estimé lundi que les communes de la métropole bordelaise devaient "participer à cet effort de solidarité". Invité dimanche au Grand Rendez-vous Europe 1/Le Monde/iTélé, le maire de Bordeaux n'avait pas manqué de souligner que sa ville avait déjà pris des initiatives pour accueillir des réfugiés. D'autres maires de droite sont eux aussi prêts à accueillir des demandeurs d'asile, comme Gaël Perdriau à Saint-Etienne ou Arnaud Robinet à Reims.

Ceux qui refusent. Une position qui tranche avec celle de Xavier Bertrand. Invité d'Europe 1 lundi, l'ancien ministre s'est rangé parmi les plus virulents. "La ville de Saint-Quentin n'accueillera pas de nouveaux réfugiés", a asséné celui qui est député-maire de cette commune de l'Aisne. "Je ne sais pas les accueillir, les former, les intégrer, leur donner un emploi", a-t-il justifié. Le candidat Les Républicains aux régionales en Nord-Pas-de-Calais-Picardie a également fustigé la politique de répartition des réfugiés au niveau européen. "Jamais les quotas ne seront en mesure de régler le problème", a-t-il affirmé.

 


Christian Estrosi a lui aussi choisi la fermeté. "Je ne me laisserai pas dicter par le gouvernement une politique basée sur des quotas", a tonné dimanche le maire de Nice, tout en soulignant que sa ville accueillait déjà des réfugiés. D'autres édiles posent leurs conditions. Le maire LR de Belfort, Damien Meslot, envisage ainsi d'accueillir des chrétiens "en priorité" car ils sont "les plus persécutés" en Irak et en Syrie. Celui de Roanne, Yves Nicolin, ne veut lui aussi accepter que des chrétiens pour "avoir l'absolue certitude que ce ne sont pas des terroristes déguisés".

François Baroin, maire de Troyes et président de l'Association des maires de France, a de son côté mis en avant l'argument financier, invoquant la "surcapacité" des centres d'accueil de sa région. Reçu mardi par le ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve, il a toutefois souligné qu'un "certain nombre de communes" étaient prêts à accueillir des migrants, mais "uniquement et exclusivement les réfugiés et naufragés".

Tentative de juste milieu. Nicolas Sarkozy, lui, n'est pas maire, mais sur le plan national, il a choisi de s'opposer à la politique du gouvernement sur le sujet, fustigeant les quotas de répartition. "Le statut de réfugié politique fait partie de l'identité nationale française", a toutefois rappelé l'ancien chef de l'Etat dans un discours à La Baule, samedi, en affirmant avoir "honte" des propos de Marine Le Pen sur les migrants.

Face à ces divergences, Nathalie Kosciusko-Morizet et Laurent Wauquiez, respectivement numéros 2 et 3 des Républicains, ont tenté de fixer la ligne mercredi. Leur position : oui aux demandeurs d'asile, mais en échange d'un serrage de vis sur les autres immigrations. "Si cette année, on a plus de réfugiés politiques, et on doit sans doute avoir ce devoir de solidarité, il faut qu'il y ait moins d'immigrés clandestins, moins de migrants économiques", a affirmé Laurent Wauquiez. "Le droit d'asile fait partie de notre culture et de notre honneur. Mais pendant la même période, en revanche, je pense qu'il faut restreindre fortement sur l'immigration économique et même sur les conditions du regroupement familial", a de son côté fait valoir Nathalie Kosciusko-Morizet. La tentative d'un juste milieu pour une droite mise sous pression par le FN.

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Un maire peut-il choisir les réfugiés qu'il...par Europe1fr