Qui est François Asselineau, l'inconnu de la présidentielle ?

François Asselineau
Le président de l'Union populaire républicaine, François Asselineau, le 10 mars. © GEOFFROY VAN DER HASSELT / AFP
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avec A.R. , modifié à
Le président de l’Union populaire républicaine, qui a réuni au delà des 500 parrainages requis, est candidat surprise à l'élection présidentielle.

Il tient sa revanche sur 2012. François Asselineau, le président de l’Union populaire républicaine (UPR), a récolté vendredi 524 parrainages pour se présenter à l’élection présidentielle. Soit 507 signatures de plus que lors de sa dernière tentative de concourir à la magistrature suprême. Inconnu du grand public, ce souverainiste et europhobe âgé de 59 ans a mené campagne en sous-marin, s’appuyant sur des militants très actifs sur le terrain et sur les réseaux sociaux. Europe 1 revient en cinq points sur sa candidature.

  •  Un anti-système issu du sérail

Avant d’entrer en politique, François Asselineau a fait son chemin dans la haute fonction publique. Diplômé de HEC, il sort de l’ENA en 1985 par la grande porte comme inspecteur des finances, à l’instar d’un Alain Juppé ou d’un Emmanuel Macron. Il rejoint ensuite les cabinets feutrés ministériels de droite à partir de 1993 avant de se rapprocher de Charles Pasqua pour rejeter le traité d’Amsterdam. Il deviendra d’ailleurs son directeur de cabinet au conseil régional de Hauts-de-Seine de 2001 à 2004.

Du côté des urnes, François Asselineau est élu conseiller de Paris en 2001 sur une liste conduite par Jean Tiberi dans le 19e arrondissement de Paris. Son seul mandat électoral.

  • Un partisan d’un "Frexit"

Europhobe convaincu, François Asselineau milite de longue date pour une sortie de la France de l’Union européenne. Son parti, l’UPR, dont il est à la tête depuis 2007, a été fondé le jour du 50è anniversaire du Traité de Rome. Comme un pied de nez à ses positions ouvertement hostiles à la construction européenne et à l’euro, dont il souhaite, comme Marine Le Pen ou de Jean-Luc Mélenchon, la sortie pour redresser le pays.

S’inspirant du Conseil national de la résistance, son programme promet également de sortir de l’OTAN pour “rétablir la France dans sa puissance”. Classé sous l’étiquette "divers droite", François Asselineau est également connu pour certaines accointances avec des figures de la droite extrême. Souverainiste, il a un temps frayé avec Philippe de Villiers au sein du RPF (Rassemblement Pour la France) ou Paul-Marie Couteau, fondateur du Siel, parti proche du FN, lors de son passage au RIF (Rassemblement pour l'indépendance et la souveraineté de la France).

Pour autant, François Asselineau se définit lui-même avant tout comme gaulliste et revendique dans L'Opinion d’attirer dans ses rangs des militants souvent issus des bancs de la gauche.

  •  Un "geek"

Rodée aux actions numériques, la campagne de François Asselineau se fait pour l’instant essentiellement sur Internet. Hormis un passage sur les plateaux d’On n’est pas couché, sur France 2, en 2014, l’ancien conseiller de Paris n’est pas une figure médiatique. Au point d’en faire un slogan de campagne. "L'UPR, le parti qui monte malgré le silence des médias", clament ses tracts. Le parti revendique plus de 16.000 adhérents aujourd’hui contre 700 en 2012. Dans le lot, beaucoup de petites mains pratiquent un cyber-militantisme sur les réseaux sociaux.

François Asselineau fait aussi des vidéos. Sur son compte Youtube, l’homme délivre à ses 30.000 abonnés des analyses fleuves sur "qui gouverne la France et l'Europe", ou encore “la tromperie universelle comme mode de gouvernement”. Un outil en or pour faire passer certaines idées proches des sphères complotistes.  

  • Un abonné aux complots

Au delà du souverainisme porté en étendard, la rhétorique de François Asselineau n’a rien à envier à certains conspirationnistes. L’Etat islamique ? Une marionnette de la CIA. Le Front national ? Un parti financé par la CIA. Robert Schuman, père fondateur de la construction européenne ? Un agent de la CIA. Une obsession par ailleurs scrutée par le site Conspiracy Watch qui, comme son nom l’indique, observe les théories du complot sur Internet. François Asselineau "surfe allègrement sur les théories du complot", en propageant des thèses qui mêlent "le vrai et l'invérifiable", explique à l'AFP son fondateur Rudy Reichstadt. "Il envoie des signaux très forts en direction de la 'complosphère', ce qui explique qu'il y soit si apprécié."

  • Un ambitieux qui se voit comme "De Gaulle"

Malgré un nombre d’électeur restreint - 189.000 aux régionales de 2015 (0,87% des voix), François Asselineau n’a jamais douté de sa stature providentielle. "Vous n'êtes pas De Gaulle", lui envoie un jour son ancien mentor Charles Pasqua, lors d’une discussion un peu houleuse. "Qu'est-ce que vous en savez ?", lui rétorque alors son directeur de cabinet, rapporte-t-il à franceinfo.

Encore aujourd’hui, François Asselineau se rêve en libérateur d’une France dirigée par des forces étrangères. "Quand j'ai terminé deuxième à HEC, personne ne m'avait vu venir", explique-t-il dans Le Point. "Quand je suis rentré à l'ENA, personne ne m'avait vu venir. Quand j'ai terminé vice-major de l'ENA, personne ne m'avait vu venir. Pareil quand j'ai été candidat... Quand je serai élu, personne ne m'aura vu venir !"