Castex 3:04
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Séverine Mermilliod , modifié à
Raymond Soubie, ancien conseiller social de Nicolas Sarkozy à l'Élysée et qui a bien connu Jean Castex, qui l'avait remplacé à ce poste, était l'invité d'Europe 1, samedi. Le président du cabinet de conseil Alixio est revenu sur la nomination de ce dernier au poste de Premier ministre en remplacement d'Edouard Philippe.
INTERVIEW

"Il a peut-être été nommé en partie parce qu'il n'est pas connu et n'étant pas connu, il ne fera pas de l'ombre au président" : le constat est de Raymond Soubie, ancien conseiller social de Nicolas Sarkozy à l'Elysée et invité d'Europe 1, samedi. Le président du cabinet de conseil Alixio a bien connu le nouveau Premier ministre Jean Castex, qui l'avait remplacé à l'Élysée en 2010. Peu connu du grand public, Jean Castex, 55 ans, jusqu'alors maire de Prades dans les Pyrénées-Orientales et chargé du déconfinement par l'exécutif, a aussi été délégué interministériel en charge des JO de Paris 2024.

Rester dans l'ombre

"Je rappelle que le président avait un autre choix : nommer quelqu'un de connu, qui aurait marqué une inclinaison vers la politique écologiste, la gauche. Le président ne l'a pas fait parce qu'il ne souhaitait pas trop de lumière à côté de lui. Il ne l'a pas fait parce qu'il ne pensait pas que c'était le bon signe", a estimé Raymond Soubie.

"Aller au front"

L'ancien conseiller social de Nicolas Sarkozy considère que la nomination de Jean Castex sera en outre utile pour mener des réformes, notamment celle des retraites, car c'est "un homme de dialogue", et un "spécialiste" qui "connaît très bien les sujets de santé, connaît très bien les sujets d'emploi, connaît très bien les partenaires sociaux". Selon lui, Jean Castex "correspond bien" à ce que cherchait Emmanuel Macron, à savoir quelqu'un "à même de faire front face à des situations difficiles, à même d'essayer d'embarquer les organisations professionnelles et syndicales dans des négociations qui ne seront pas faciles". 

"Je pense qu'il a été nommé pour aller au front. Ce n'est pas au président de la République d'aller au front. C'est au président de la République de définir les orientations, de prendre les grands arbitrages, les grandes décisions", affirme encore Raymond Soubie, au contraire du Premier ministre qui est "quelque part un chef d'état-major dans une guerre qui est une guerre économique et un mouvement social quand même assez difficile".

L'homme "des territoires"

Raymond Soubie, qui l'a connu, assure par ailleurs que le nouveau Premier ministre "n'est pas un technocrate au sens classique du mot, c'est à dire la personne qui est enfermée dans sa technique, dans l'État et qui ne connait rien autour", mais qu'au contraire il est bien "l'homme des territoires" tel que ce dernier se décrit lui-même. "Il a beaucoup d'expérience et il est très humain. Il a toujours été à l'écoute d'autrui. Demandez aux gens de sa région qui l'adorent et qui l'ont réélu triomphalement au premier tour des élections municipales !"

Jean Castex étant par ailleurs énarque et élu, Raymond Soubie pense qu'il saura s'y prendre concernant "la répartition des compétences entre ce que doit faire l'État central, l'État déconcentré et les collectivités territoriales décentralisées", car il les connaît bien. L'ancien conseiller de l'Elysée recommande également au nouveau maître de Matignon de "garder son sang froid", de "se rappeler tous les jours qu'il est là pour deux ans, que ce n'est pas très long, qu'il sera jugé sur ses actes et leurs résultats", et qu'il se doit donc "d'agir, de faire ce qu'il sent, ce qu'il pense et de ne pas s'en laisser conter".