Quel bilan pour Montebourg chez Habitat ?

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M.B. et Anne-Laure Jumet
La direction comme les syndicats sont satisfaits du passage de l'ancien ministre de l'Économie à la vice-présidence du groupe d'ameublement.

C'était il y a 18 mois. En mars 2015, Arnaud Montebourg, débarqué du ministère de l'Économie après avoir publiquement mis en cause la ligne politique gouvernementale, devenait vice-président en charge de l'innovation du groupe Habitat. Jeudi, le groupe d'ameublement a confirmé que sa mission arrivait à son terme, afin qu'il puisse se consacrer pleinement à son prochain objectif : l'élection présidentielle de 2017. L'heure, donc, de tirer le bilan de l'action du chantre du made in France. Et celui-ci, selon la direction et les syndicats, est plutôt bon.

Il a "fait le job". Arnaud Montebourg, arrivé chez Habitat après une formation de quatre semaines au sein de l'INSEAD, n'était pas salarié du groupe mais percevait une indemnisation. Et n'a pas hésité à mettre les mains dans le cambouis. Selon la direction, il a "fait le job" : défendre haut et fort le made in France et apporter de nouvelles idées. En bon politique, l'ancien ministre de l'Économie a labouré le terrain, visité une quinzaine de magasins avant d'y revenir une deuxième fois. Même s'il ne passait que moins du quart de son temps au sein de la société, il a donc pris son rôle très à cœur. Parfois trop, quitte à bousculer un peu les habitudes, s'amuse-t-on d'ailleurs en interne.

"Il m'a prouvé qu'il était honnête". Si le bilan est positif du côté de la direction, il l'est aussi aux yeux des syndicats, qui attendaient l'ancien ministre au tournant. "J'ai été très méfiante au démarrage", confie ainsi Ratiba Hamache, déléguée syndicale CGT au magasin Habitat de Lyon. "Quand j'ai entendu que monsieur Montebourg arrivait, je me suis demandé ce qu'il venait faire chez nous." Mais la syndicaliste se félicite finalement de l'action de celui qui s'est présenté comme "ni ancien ministre, ni politicien, mais un collègue, un homme qui travaille". "Il a été clair. Il m'a prouvé qu'il était honnête. Il est venu tout seul, libre, pour écouter les salariés."

Entendu sur europe1 :
J'ai été très méfiante au démarrage. Mais il m'a prouvé qu'il était honnête.

"Il a apporté un petit redressement". L'attitude a donc été appréciée. Les actions aussi. "Il nous a aidé, il a apporté un petit redressement. Sur la livraison, la marchandise, il a apporté son point de vue et sa marque à lui", explique Ratiba Hamache. Arnaud Montebourg a ainsi alerté la direction sur des délais de livraison parfois trop longs, et lancé un plan stratégique du développement du made in France. Si Habitat avait déjà lancé le mouvement, un an plus tôt, l'ancien ministre a donné de la visibilité à cette politique. Et a pensé, au passage, à son fief électoral, puisque l'enseigne étudie en ce moment un projet de relocalisation d'une gamme de canapé... en Saône et Loire.

Pas d'effet sur l'activité. Néanmoins, inutile de s'attendre à un "effet Montebourg" sur le chiffre d'affaires d'Habitat. Reprise en 2011 par le groupe français Cafom, la société a accusé un repli de 7% en 2015, année difficile marquée par la fermeture de plusieurs magasins non rentables. Au premier semestre 2016, les résultats sont de nouveau en recul, de 2,5%. Pas de quoi décourager Hervé Giaoui, PDG de Cafom. "Nous serons à l'équilibre dès 2017", a indiqué ce dernier au magazine Capital.