Protestations à gauche après l'expulsion d'un sans-papiers algérien de Roubaix

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Mohammed Lakel vivait à Roubaix (ici la mairie) depuis 2012. © PHILIPPE HUGUEN / AFP
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avec AFP , modifié à
Âgé de 45 ans, et vivant à Roubaix depuis 2012 où il travaillait bénévolement, Mohammed Lakel a été expulsé lundi, suscitant la colère de plusieurs responsables politiques à gauche.

Plusieurs personnalités de gauche ont vivement critiqué lundi l'expulsion d'un sans-papiers algérien de Roubaix, dans le Nord, vers l'Algérie, dénonçant un "acharnement" des services de l'État. Âgé de 45 ans, vivant à Roubaix depuis 2012 où il travaillait bénévolement comme jardinier à la paroisse du quartier de l'Epeule, Mohammed Lakel a été expulsé lundi, a indiqué la préfecture du Nord à l'AFP.

Une figure locale de Roubaix

Figure locale de Roubaix, bénévole au Secours populaire et membre du Comité des sans-papiers du Nord, il avait été placé le 6 août au centre de rétention administrative (CRA) de Lesquin, près de Lille. Selon la préfecture, après le rejet de sa demande d'asile en 2013 et 2014, il a fait l'objet de trois obligations de quitter le territoire français (OQTF) en 2015, 2017 et février 2019, celle-ci "confirmée au fond par le tribunal administratif de Lille".

"Expulsion honteuse" pour Adrien Quatennens

Il s'agit d'une "expulsion honteuse", a dénoncé sur Twitter le député LFI du Nord Adrien Quatennens. "Je suis indignée (…) Le gouvernement affiche de beaux discours sur les droits humains mais pratique une politique contraire à nos valeurs", a également réagi sur le réseau social Karima Delli, députée européenne EELV, originaire de Roubaix, affirmant qu'elle venait ce lundi lui rendre visite avec une "promesse d'embauche".

 

"Or, cette promesse d'embauche est précisément ce qui manquait à son dossier à la Codrese (commission départementale de réexamen des situations des étrangers), qui devait se réunir en septembre !", a critiqué Julien, un membre de son comité de soutien. 

"Peut-on espérer des pouvoirs publics ce que la devise de la République appelle Fraternité ?", avait aussi twitté jeudi le patron des sénateurs PS Patrick Kanner, ex-président du conseil général du Nord, tandis qu'Éric Bocquet, sénateur communiste du Nord, avait affirmé le lendemain avoir écrit au préfet pour une "demande de régularisation", après avoir rendu visite à Mohammed Lakel au CRA, le même jour que le secrétaire national des Verts David Cormand qui a pointé un "acharnement à vouloir déraciner cet homme". La semaine dernière, la maire de Lille Martine Aubry était intervenue auprès du préfet pour demander qu'une solution soit trouvée, a indiqué à l'AFP la mairie.

Un rassemblement lundi soir dans le centre-ville de Lille

Quelque 200 personnes se sont rassemblées lundi soir dans le centre-ville de Lille pour protester contre cette expulsion. "Liberté pour Mohammed Lakel", "Stop aux arrestations et aux expulsions", "Contrôler, enfermer, réprimer, expulser, c'est la honte pour l'humanité", pouvait-on lire sur des pancartes.  "Nous sommes tous là pour soutenir Mohammed, un homme qui s'est investi dans des associations françaises depuis 2012, qui s'est comporté comme un très bon citoyen français et qui aujourd'hui est renvoyé pour l'exemple", a regretté parmi eux Pierre, 18 ans.