Primaire de la gauche : voici les cinq leçons à retenir du premier tour

Benoît Hamon contre Manuel Valls, ou le duel de deux gauches irréconciliables.
Benoît Hamon contre Manuel Valls, ou le duel de deux gauches irréconciliables. © AFP
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Europe1.fr vous livre les premiers enseignements à tirer de la qualification, dimanche soir, de Benoît Hamon et Manuel Valls pour le second tour de la primaire de la gauche.

Le premier tour de la primaire du PS et de ses alliés a livré dimanche soir son verdict, et, avec lui, son lot d’enseignements. Au-delà de l’identité des deux finalistes, Benoît Hamon et Manuel Valls (dans cet ordre) en l’occurrence, et de de celle du grand battu de la soirée, Arnaud Montebourg, les leçons politiques de la soirée sont en effet déjà nombreuses.

  • Deux gauches "irréconciliables" en finale

C’est l’enseignement le plus évident. Avec Benoît Hamon et Manuel Valls, ce sont bel et bien les deux gauches "irréconciliables", théorisées par l’ancien Premier ministre lui-même, qui se feront face dimanche prochain. Le premier veut relancer l’espoir à gauche, mise sur l’écologie, le social, l’accueil des migrants et a fait bouger les lignes avec des mesures choc, au premier rang desquelles son revenu universel, qui a beaucoup fait parler. Le second veut incarner la gauche réformiste, réaliste, la seule qui, selon lui, peut gouverner.

La semaine qui vient, jusqu’au second tour de dimanche, devrait donc être marquée par un vrai débat de fond, illustré par de profondes divergences. Une confrontation dont le moment ultime sera évidemment le débat télévisé entre les deux finalistes, programmé mercredi soir. Mais surtout, la grande différence des projets rend d’ores et déjà très difficile, sinon impossible, un soutien sans faille du futur perdant au futur vainqueur. La primaire du PS ne sera sans doute pas tout à fait terminée dimanche prochain.

  • Valls victime du "syndrome Sarkozy-Duflot" ?

Pour l’ancien Premier ministre, il était crucial de virer en tête au soir du premier tour pour créer une dynamique de victoire. Le pari est perdu. Et on voit mal comment il pourrait renverser la tendance d’ici à dimanche, d’autant qu’Arnaud Montebourg, qui pèse près de 18% des voix, a appelé tout de suite à voter pour son adversaire. La quasi-défaite de Manuel Valls montre surtout que les électeurs ne veulent décidément plus de ceux qui ont gouverné. Son départ de Matignon, annoncé le 5 décembre, était sans doute trop récent pour qu'il n'en pâtisse pas. Si le résultat est confirmé dimanche, il rejoindra Nicolas Sarkozy, François Hollande Alain Juppé, et Cécile Duflot dans le concert des grands rejetés de la politique. Sa carrière ne sera certes pas terminée, mais une parenthèse, peut-être longue, s’ouvrira pour lui. Un pronostic à affiner dimanche prochain.

  • Le PS n’est pas (encore) mort

Le Parti socialiste, mine de rien, a échappé au pire dimanche soir. Raisonnables, ses leaders avaient fixé à 1,5 million de votants le chiffre minimum qui leur permettrait de considérer que la primaire serait une réussite. La barre est franchie, un résultat qui empêche adversaires et observateurs de prononcer sa mort clinique. Le "grand cadavre à la renverse" bouge encore, mais il reste en bien mauvaise posture. Car le seuil symbolique des deux millions d’électeurs n’a lui pas été atteint. Il  le sera peut-être dimanche prochain, mais en tout état de cause, le candidat soutenu par le PS n’abordera pas l’élection présidentielle dans les meilleures conditions, d'autant que, quel qu'il soit, il apparaît systématiquement à la cinquième position dans les récents sondages d'intentions de vote. Il n’est pas impossible que lors de cette primaire, le Parti socialiste ne se soit offert guère plus qu’un sursis. Il sera en tout cas à refonder, et le vainqueur de la primaire sera le mieux placer pour le faire. 

  • La droite peut se frotter les mains

La droite, d’ailleurs, pointera à coup sûr le nombre de votants de la primaire de la Belle alliance populaire par rapport à la sienne. Avec un chiffre qui, il est vrai, est particulièrement parlant. Au premier tour de la primaire de la droite, François Fillon a réuni sur son nom 1,89 million d’électeurs. Soit, possiblement - il faut attendre le décompte définitif - plus que l’ensemble du nombre de votants de dimanche. Le chiffre sera en tout cas très proche. D'un côté, il y aura donc un candidat de droite porté par 4,4 millions de suffrages, de l'autre un candidat du PS dont l'assise populaire sera au moins deux fois moindre. Autant dire qu'en termes de dynamique, il n'y aura pas photo.

  • Tout bon pour Macron

Il n’a pas participé à la primaire, mais il a quand même été omniprésent pendant la campagne. Emmanuel Macron a lui aussi passé une bonne soirée. D’abord parce que la participation a été moyenne, alors que lui semble bénéficier - actuellement - d’un souffle populaire remarquable, lui qui fait salle comble à chacun de ses meetings. Ensuite, et surtout, parce que c’est Benoît Hamon, le tenant d'une ligne très à gauche, qui semble en mesure de l’emporter. Si tel était le cas, la tentation serait grande pour toute l’aile droite du Parti socialiste de se rallier à lui. Avec un François Fillon très à droite qui pousse les centristes vers sa candidature, les planètes, décidément, n’en finissent plus de s’aligner pour l’ancien ministre de l’Economie.