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Frédéric Michel, édité par Laura Laplaud
Yannick Jadot, vainqueur de la primaire écologiste et candidat à l’élection présidentielle était ce lundi à Bastia pour rencontrer les élus nationalistes corses. Une rencontre cordiale avec le président de l'exécutif Corse, Gilles Simeoni, qui n'a cependant pas apporté son soutien au candidat Europe Ecologie Les Verts.

C’est un passage presque obligé pour les candidats à l’élection présidentielle en quête de parrainages ou de voix. Avant Valérie Pécresse jeudi, Jean-Luc Mélenchon dans les prochaines semaines, le vainqueur de la primaire écologiste et candidat à la présidence de la République, Yannick Jadot était en Corse lundi pour une visite express à Bastia. Si la rencontre a été cordiale avec le président de l’exécutif Corse, Gilles Simeoni n’a cependant apporté aucun soutien officiel au candidat Europe Ecologie Les Verts (EELV) même si l’élu autonomiste reconnaît des convergences historiques entre les deux mouvements. 

Trois décennies de convergences idéologiques

Des sourires, une poignée de main franche et chaleureuse. Durant une heure, Yannick Jadot et Gilles Simeoni se sont entretenus dans le bureau du président de l’exécutif Corse. Les deux hommes ont plusieurs points en commun. Ils sont nés la même année, en 1967. Ils se sont imposés dans leur formation politique respective mais surtout les mouvements qu’ils représentent, entretiennent depuis trois décennies des convergences idéologiques, au point pour les écologistes de réserver sur leur liste, à chaque scrutin européen ou presque, une place à un nationaliste corse.

En 1989, Antoine Waechter avait accueilli l’oncle de Gilles Simeoni, Max Simeoni, député européen de 1989 à 1994. François Alfonsi, dirigeant du parti de la nation corse (PNC) lui succède quelques années plus tard en 2009 sur la liste de Daniel Cohn-Bendit. En 2019, après une mandature loin de Strasbourg et Bruxelles, il fait son retour sur les bancs du Parlement européen dans l’équipe conduite par Yannick Jadot.

Entre-temps, François Alfonsi a rejoint Femu a Corsica, le parti autonomiste de Gilles Simeoni. Le député européen, soutien de Yannick Jadot à l’élection présidentielle, insiste sur les convergences : "Il y a la nécessité d’orienter la Corse vers des projets plus écologiques avec moins d’impact sur l’environnement. Cette défense du patrimoine naturel et historique de la Corse trouve un grand écho chez les autonomistes en Corse", ajoute-t-il.

"Une relation apaisée entre l’Etat français, la France et la Corse"

Yannick Jadot souhaite "une relation apaisée entre l’Etat français et la Corse" et se dit favorable à un statut d’autonomie, souhaité et demandé par les élus nationalistes corses depuis des années. "Les écologistes ont toujours été régionalistes mais on est pour une nouvelle phase de décentralisation, pour faire confiance aux collectivités", a affirmé Yannick Jadot.

Le candidat EELV s’est aussi dit conscient de la situation de l’île : "Aujourd’hui, il y a un retard qui a été pris sur les infrastructures en Corse, il y a des enjeux majeurs en matière de continuité territoriale, sur la maîtrise de l’eau, des déchets."

Des combats communs mais pas de soutien officiel

L’écologie est une préoccupation à la base du mouvement nationaliste insulaire, insiste au micro d’Europe 1 le président de l’exécutif Corse, Gilles Simeoni. "C’est une relation qui est ancienne historiquement et qui s’est concrétisée par des combats qui ont été menés, d’ailleurs souvent en qualité de précurseur en Corse."

"Je pense aux combats contre les boues rouges dans les années 1970 ou si on remonte un peu plus loin, la lutte contre l’installation d’un centre d’expérimentation nucléaire sur l’île", précise-t-il. Prudent et soucieux de préserver le dialogue avec le futur locataire de l’Elysée, Gilles Simeoni n’apporte aucun soutien officiel. "Cette proximité existe, elle ne vaut pas un engagement aux côtés du candidat Yannick Jadot mais c’est l’ADN de notre mouvement", lance-t-il.

"Le combat contre la spéculation foncière ou la protection du littoral sont des marqueurs forts du mouvement autonomiste nationaliste", avance-t-il. L’ancien avocat d’Yvan Colonna conclut : "Au-delà de cette histoire, c’est aussi le fait que le monde d’aujourd’hui et de demain, est et sera celui du développement durable, de la transition écologique et la Corse parce qu’elle est une île, parce qu’elle a des ressources naturelles exceptionnelles, parce qu’elle est au cœur de la Méditerranée est totalement partie prenante de ces problématiques."

Un peuple à reconnaître

Devant les journalistes, à la sortie de son entrevue avec l’autonomiste Gilles Simeoni, et un peu plus tard lors d’une conférence de presse dans un hôtel de la ville, Yannick Jadot a répété qu’il était pour "le rapprochement de tous les prisonniers corses incarcérés sur le continent" comme la loi le prévoit.

Mi-janvier, il avait demandé "le rapprochement sans délai" de Pierre Alessandri, Alain Ferrandi et Yvan Colonna, les trois membres du commando Erignac condamnés pour l’assassinat à Ajaccio du préfet Claude Erignac en 1998 et toujours placés sous le statut de DPS (détenu particulièrement surveillé). Le candidat en campagne a adressé un dernier message : "Il y a un peuple corse qui a une histoire, une langue, une culture, une fierté et qu’il faut reconnaître aussi."